Intervention de Frédéric Villebrun

Réunion du mercredi 5 juin 2024 à 17h15
Commission d'enquête sur les difficultés d'accès aux soins à l'hôpital public

Frédéric Villebrun, co-président de l'USMCS :

Je vous remercie pour votre soutien à la création d'un réseau national des centres de santé.

La somme d'environ 1,4 Md€ mobilisée pour la nouvelle convention médicale entre l'assurance maladie et les médecins libéraux permettrait, à elle seule, de financer un nombre considérable de centres de santé publics ou à vocation de service public.

J'entends l'hypothèse du rapporteur de votre commission d'enquête sur la multiplication des actes pour mieux équilibrer le financement des centres de santé. Certains centres ont effectivement réussi à atteindre l'équilibre financier, notamment des centres de santé privés.

Toutefois, notre objectif est d'assurer le « juste soin » et la pertinence des soins. Cela doit garantir au patient d'éviter les effets indésirables de certains médicaments prescrits de manière peu appropriée, nécessitant ainsi un temps supplémentaire pour les soigner.

De plus, le parcours de santé doit se dérouler dans des structures adoptant le même mode de fonctionnement. Les soins non programmés et les téléconsultations, qui ne concernent que certains motifs, soulèvent des questions : comment une personne âgée, même non dépendante mais souffrant de pathologies multiples, pourrait-elle être soignée de manière pertinente dans une cabine de téléconsultation ?

Ces éléments montrent la nécessité d'un réseau de structures en secteur 1, accessibles et organisées de sorte qu'on évite la multiplication d'actes parfois inutiles, voire dangereux, et qu'on contribue à la maîtrise de la dépense publique. L'étude Épidaure, réalisée entre 2009 et 2010, a montré que la dépense induite par les professionnels des centres de santé était inférieure à celle des professionnels de santé libéraux. Ces chiffres existent mais, malheureusement, peu de personnes y font référence.

Avec les financements disponibles, nous pourrions assurer un juste financement des actions de prévention en santé publique et des coûts des centres de santé actuellement non couverts par l'assurance maladie. Par exemple, une secrétaire d'accueil ou une assistante, bien que nécessaires, ne sont pas financées par l'assurance maladie ; de même, les IPA dans les centres de santé ne bénéficient pas d'un financement forfaitaire. Nous souhaitons que ces postes soient financés, à l'instar des assistants médicaux – nous remercions d'ailleurs les syndicats, notamment ceux de la médecine libérale, pour avoir obtenu le financement de ces assistants, qui nous semble cohérent avec la pratique d'équipe. Il est nécessaire d'aller plus loin et de prévoir des financements forfaitaires pour les psychologues et les diététiciens.

Nous sollicitons, de même que le font les professionnels libéraux, un soutien accru : si le service rendu par les médecins libéraux était identique à celui rendu par les centres de santé, à coût équivalent, de nombreux médecins souhaiteraient s'installer. Actuellement, la reconnaissance et la valorisation des professionnels libéraux ne correspondent pas à leurs attentes, ce qui constitue une véritable difficulté. Il est crucial de se demander pourquoi et comment offrir une alternative qui ne repose pas uniquement sur l'acte médical.

Le Président de la République a esquissé des avancées dans ses vœux de janvier dernier. Ayons le courage d'aller plus loin : les centres de santé sont prêts à s'engager. Nous avons la chance de disposer de centres de santé en France ; ne les laissons pas faire faillite. Certains centres de la Croix-Rouge en Île-de-France et d'autres centres de santé, qui fournissent un service essentiel à la population, sont actuellement en grande difficulté financière – voire menacés de fermeture : il est inconcevable qu'en 2024, nous ne puissions pas les soutenir suffisamment pour qu'ils restent ouverts.

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