Nous ne préconisons pas la fermeture des maisons de santé ; nous n'avons d'ailleurs pas contesté l'augmentation des actes médicaux. Simplement, nous insistons sur la nécessité de garantir et de promouvoir un service public pérenne, offrant un exercice diversifié.
J'ai été pilote aux Assises de la pédiatrie et de la santé de l'enfant et ce sujet fait partie des mesures portées, notamment la santé scolaire. Nous avons auditionné des médecins scolaires et examiné la situation des médecins de PMI, car il est essentiel d'investir dans le champ de la prévention. Négliger ces aspects et laisser le système s'effondrer coûte beaucoup plus cher à long terme : par exemple, il est bien plus onéreux de traiter des adolescents en détresse à la suite de tentatives de suicide que de mettre en place une politique de prévention efficace dans les écoles ; cette réalité est reconnue par tous. La logique est comparable à celle d'un patient diabétique.
Une véritable volonté politique est nécessaire pour briser les silos entre les différentes fonctions publiques. Le statut de praticien hospitalier (PH) pourrait être repensé, comme l'a fait M. François Crémieux à Marseille, pour inclure des missions de santé scolaire, de PMI et d'engagement dans un service public de proximité. Cela permettrait également aux spécialistes d'exercer en ambulatoire, ce qui renforcerait les équipes médicales locales.
Nous ne demandons pas une augmentation de salaire, mais une harmonisation des rémunérations. Un médecin en prévention ne devrait pas être payé deux fois moins qu'un PH ou qu'un médecin en centre de santé.
Tous les acteurs auditionnés ont réclamé cette harmonisation vers le statut de PH. Il existe un consensus sur ce point, contrairement à ce que l'on pourrait penser. Il n'y a pas d'opposition entre médecins libéraux et salariés, mais une volonté commune de travailler dans un système de santé intégré, qui améliorerait l'attractivité du métier pour les jeunes médecins.
L'ajout d'une quatrième année à notre cursus de médecine générale constitue un levier majeur. Les internes débutant en 2026 ignorent où ils effectueront leur stage. Nous manquons de locaux, de maîtres de stage et même de supports réglementaires. En effet, le texte prévoit que les internes doivent être rémunérés à l'acte, ce qui a suscité une levée de boucliers de la part des doyens. Le comité consultatif d'éthique a jugé cette pratique non éthique, ce qui semble logique.
En 2026, je ferai face à 120 internes de la Sorbonne que je ne saurai pas où envoyer. Si le système est bien pensé et que vous vous engagez à travailler sur un projet de santé qui relie la ville et l'hôpital et propose des lieux de stage répondant aux besoins de santé, alors nous disposerons d'un levier : la formation. Une telle logique ouvre la possibilité de l'engagement de jeunes médecins dans un cadre salarié à l'issue de cette année professionnalisante. Quoi qu'il en soit, cela nécessite une volonté politique dans les territoires.