Dans ma commune, nous ne participons pas à la permanence des soins, pour une raison évidente qui mérite qu'on y prête attention : en l'occurrence, le seul moyen d'être rémunéré est d'être payé à l'acte, donc en tant que libéral. Le système n'est pas conçu pour être salarié.
Certaines communes ont toutefois réussi à salarier des médecins : par exemple, dans le Val-de-Marne, la commune de Gennevilliers y est parvenue. Cependant, cela dépend de la volonté de chaque commune. Lorsque l'on choisit le mode d'exercice salarié, on devrait pouvoir participer à la permanence des soins ambulatoires dans ce cadre, tout comme un praticien hospitalier doit pouvoir participer à la permanence des soins dans son hôpital.
Actuellement, ce n'est ni pensé ni structuré de cette manière. Il ne s'agit pas d'opposer les différents modes de rémunération, mais de reconnaître que le modèle salarié peut être attractif et viable.
Dans ma commune, il n'existe pas de difficulté à remplir la grille de la permanence des soins, car de nombreux remplaçants ou jeunes médecins s'en chargent sans être installés.
Le problème est plus complexe : l'enjeu majeur consiste à répondre aux besoins de santé prioritaires, à structurer l'offre de soins et à disposer d'un modèle de financement adéquat. Lorsque je décris une activité de prévention, un exercice en équipe, la prise en charge de la vulnérabilité, les soins à domicile et les missions de santé prioritaires autour des maladies chroniques, cela ne fonctionne pas financièrement avec un modèle unique de financement à l'acte.
La subtilité réside dans le fait que, comme à l'hôpital public, tout ce qui ne génère pas de revenus dans un modèle de financement à l'acte ou d'hyperproductivité, où multiplier les actes est plus rentable que de voir un patient, pose un problème.
Par exemple, lorsque je consulte un patient pendant dix-huit minutes, qu'il n'arrive pas à utiliser Doctolib, qu'il a besoin d'accéder au secteur 1 et qu'il rencontre des difficultés de compréhension pour prendre son traitement, il me consulte, puis il voit l'assistance médicale, qui lui explique et lui prend un rendez-vous. Les plateformes numériques ont réellement exclu une partie de la population que nous soignons. Ensuite, l'infirmière lui explique comment prendre son traitement.
Mon intérêt financier pour ma structure serait de le faire revenir quatre fois. Or je sais que si je le fais revenir, il ne reviendra pas, car ces patients ont souvent un fort taux d'absentéisme et ne peuvent pas être convoqués à de multiples reprises.
Cela nécessite un changement de paradigme et une certaine structuration, mais cela rejoint véritablement la problématique de l'hôpital.