Intervention de Julie Chastang

Réunion du mercredi 5 juin 2024 à 17h15
Commission d'enquête sur les difficultés d'accès aux soins à l'hôpital public

Julie Chastang, co-présidente de l'Union syndicale des médecins de centres de santé (USMCS) :

Nous allons tenter de répondre de façon simple, en lien avec les valeurs que nous défendons et à l'aune de la structuration de l'organisation des soins que nous portons.

Dans une maison de santé, les professionnels de santé sont libéraux. Ils sont payés à l'acte. Les professionnels peuvent ou non prendre de nouveaux patients. Ils peuvent s'installer où ils le souhaitent. Ils décident de faire du domicile s'ils le souhaitent. En somme, il s'agit d'un modèle libéral de regroupement de professionnels de santé.

Dans un centre de santé, tel que celui dans lequel j'exerce, mon employeur est la collectivité territoriale, en l'occurrence la ville de Fontenay-sous-Bois. Mon temps de consultation est défini par mon directeur de santé, en l'espèce un patient toutes les dix-huit minutes. J'accueille également deux étudiants en médecine, qui rencontrent également des patients.

Nous travaillons en équipe avec des missions de santé. Par exemple, à Fontenay, plus aucun médecin ne faisait de visites à domicile. Aussi, nous avons repris les visites à domicile des patients de la ville. Des équipes composées de médecins et d'infirmières se partagent les patients nécessitant des visites à domicile, en y allant d'abord ensemble, puis en alternance.

En tant que service public, nous avons des missions de santé populationnelle. Normalement, c'est l'État qui devrait assumer cette responsabilité, car la santé relève de sa compétence et non de celle des collectivités territoriales. Lorsque nous parlons d'organiser le système de santé, c'est aussi ce nous défendons. Un service public de proximité permet aux citoyens de savoir qu'ils ont une réponse identifiable sur leur territoire, tout comme une école ou une poste.

L'Ordre des médecins, via l'atlas de la démographie médicale, a étudié ce que devenaient les médecins généralistes quatorze ans après leur inscription à l'Ordre de médecine générale. En l'occurrence, la grande majorité n'exerce pas la médecine générale en libéral. En Île-de-France, 80 % des promotions ne choisissent pas ce mode d'exercice. En tant que salariée d'une collectivité, je ne suis pas rémunérée à l'acte, ce qui me permet de bénéficier d'une certaine stabilité. Bien que mes revenus soient légèrement inférieurs à ceux d'autres médecins, ce cadre d'emploi facilite mon installation, notamment en sortie d'études.

Ce modèle attire les jeunes diplômés en médecine générale, car beaucoup d'entre eux ne souhaitent pas devenir des chefs d'entreprise. Or, dans la majorité de notre territoire, on ne leur propose rien d'autre que des postes en maison médicale de garde, où l'on peut gagner beaucoup d'argent rapidement. Cela constitue un facteur de dérégulation important : en effet, si je peux gagner 1 500 euros en une soirée dans une maison médicale de garde, je n'ai pas besoin de travailler beaucoup. Si je ne souhaite pas m'installer et ouvrir mon cabinet, je peux trouver des solutions alternatives. Je n'évoque même pas la télésanté, qui constitue une solution encore plus attractive.

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