Pour répondre à votre question concernant le nombre de patients orientés vers les urgences par les professionnels des centres de santé, nous ne disposons pas de chiffres précis. Cependant, on peut estimer que ce nombre est minimal.
Nous avons mis en place des plages de soins non programmés et une capacité à prendre en charge les patients, afin d'éviter que les patients suivis par un médecin traitant dans un centre de santé soient réorientés vers les urgences hospitalières. Cette démarche n'est pas propre aux centres de santé et les maisons de santé s'y emploient également avec succès. Cela s'inscrit dans les valeurs et les missions des centres de santé, en tant que service public, que de prendre en charge ces patients.
Toutefois, une question se pose quant à la valorisation de ces temps de prise en charge : nous disposons de quelques forfaits pour cela, mais ils restent très faibles.
Une expérimentation a été conduite il y a quelque temps : dans cette expérimentation, l'hôpital reçoit des subsides pour adresser vers la ville des patients qui s'orientent vers les urgences.
Or si nous pouvions obtenir une partie de ces sommes pour valoriser notre travail quotidien consistant à éviter que les patients se rendent aux urgences, nous aurions une approche plus cohérente du parcours de santé des patients. Cela permettrait également d'éviter une forme de culpabilisation des patients et des professionnels face à cet afflux aux urgences, qui résulte souvent du fait qu'ils n'ont pas d'autre choix que de s'y rendre.
On peut s'interroger sur les motifs qui poussent certains patients à se rendre aux urgences. Certains urgentistes affirment que ces patients ne consultent pas nécessairement pour des pathologies justifiant un passage par les urgences. Cependant, il faut considérer qu'ils n'ont peut-être pas d'autre choix, faute d'accès à leur médecin ou aux professionnels de santé disponibles.
Les centres de santé, notamment ceux à vocation de service public, devraient être davantage développés et répartis sur l'ensemble du territoire, à l'image du maillage des hôpitaux publics. En effet, face à la désertification médicale croissante, nous manquons de visibilité quant à l'organisation d'un service public territorial de santé. Des centres de santé bien répartis permettraient aux patients d'être pris en charge sans avoir à se rendre aux urgences. C'est ce que demande l'USMCS depuis des décennies.