« Nous placerons la France en tête du combat contre les perturbateurs endocriniens et les pesticides. Ils sont l'une des principales causes de l'augmentation des cancers des enfants depuis vingt ans. » « Nous définirons un calendrier prévoyant l'élimination progressive des pesticides. » « Notre agriculture doit réduire sa dépendance aux intrants chimiques qui polluent nos sols, nos cours d'eau et nos nappes. » « Nous avons, sur tous ces sujets, subi ces dernières années trop de pressions, trop d'intérêts cachés et des expertises industrielles qui ne sont en rien des expertises scientifiques. »
« [Le glyphosate,] tout le monde sait que ce n'est pas bon, on le sait très bien. Je veux dire, donnez-moi le rapport qui me dit que le glyphosate est une bonne chose. »
Ainsi parlait Emmanuel Macron récemment. Or, vous venez nous présenter un plan non plus Écophyto, mais « Prophyto » ; une capitulation, dans le prolongement du renoncement à l'interdiction du glyphosate et de votre loi de réautorisation des néonicotinoïdes.
Quelle est l'explication d'un revirement aussi spectaculaire ? Ce n'est pas la science. Il suffit de se référer à la dernière expertise collective de l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), aux travaux sur les preuves de l'impact des pesticides sur l'effondrement de la biodiversité, ou encore à l'avis de la majorité des membres du conseil scientifique et technique du plan Écophyto sur le HRI. Ce n'est pas non plus la pression du business et la classique résistance aux changements des lobbys de l'agrochimie – elle n'a jamais cessé depuis l'invention du poison des pesticides de synthèse. Ce n'est pas un changement de position de la FNSEA, qui demande du temps depuis dix-sept ans. Ce ne sont pas non plus les sondages, puisqu'une opinion majoritaire est au contraire pour la sortie des pesticides, et à 80 % pour leur réduction. Parmi les sondés, 66 % trouvent que vous n'agissez pas assez.
Votre retournement total sur le plan des valeurs et du rapport à la science s'explique par votre choix de capituler face à la pression de la droite et de l'extrême droite, et à l'idéologie du backlash environnemental. Ce qui vous a fait changer d'avis, c'est une pression politique, avec sa force de frappe obscurantiste, manipulée par les ingénieurs du chaos de la fachosphère.
Les pesticides sont finalement un miroir terrible pour votre majorité. En une poignée d'années, vous êtes devenus réactionnaires, au sens littéral, c'est-à-dire les partisans d'un retour en arrière. Les conséquences en sont tragiques. C'est une triste évolution pour les parlementaires qui vous soutiennent aveuglément.