Le projet de loi d'orientation agricole, dont la première lecture s'est soldée par un vote franc hier, traduit effectivement une ambition pour le déploiement de l'agriculture biologique. Marc Fesneau, qui la défend tout particulièrement, a annoncé des crédits de 90 millions d'euros. L'objectif est de sécuriser les revenus autant que possible – objectif commun avec la loi Egalim –, d'accompagner les agriculteurs avec des aides et de lancer la réflexion sur les difficultés que certains rencontrent dans leur conversion ou leur maintien en bio.
Les fermes Dephy sont effectivement un instrument formidable pour tester certaines solutions en conditions réelles. Nous voulons nous appuyer sur elles, et nous y mettons les moyens : leur développement, comme celui d'autres formes d'associations et de tests, est au programme du milliard d'euros que j'évoquais. L'enjeu est aussi de « dérisquer » les projets, c'est-à-dire de permettre à des agriculteurs de tester des itinéraires techniques nouveaux, en sachant qu'ils seront accompagnés si les résultats ne sont pas au rendez-vous – d'autant que certains de ces itinéraires reposent sur des assolements qui peuvent durer plusieurs années, avec des retours d'expérience sur le temps long.
J'insiste sur le fait que l'on ne remplacera pas une molécule par une molécule. Face à chaque problématique de fongicide, d'herbicide ou de ravageur, il faut des réponses multifactorielles : nouveaux assolements, sélection variétale, pratiques agronomiques révisées, travail sur la qualité des sols, sur le biocontrôle et les biostimulants… Ces sujets sont passionnants du point de vue de l'innovation, mais extraordinairement complexes.