Si le mouvement sportif a récemment été sous le feu des projecteurs pour divers problèmes et scandales, ceux-ci sont le reflet des maux de la société dans son ensemble. Le mouvement sportif, majoritairement géré par des bénévoles, est certainement moins bien outillé que d'autres secteurs pour y faire face. Cependant, la majorité des clubs sportifs en France, qui comptent plus de 150 000 membres et plus de 3 millions de bénévoles, sont des lieux d'éducation populaire et de bien-être pour les enfants et pour tous les pratiquants. Nous devons être particulièrement exigeants en matière d'éthique dans le mouvement sportif, car il concerne également les enfants et les jeunes, et contribue au bien-être et au développement physique et psychique des individus. Un discours uniquement négatif envers le mouvement sportif ne l'aiderait pas à se saisir des problèmes qu'il rencontre et à y faire face.
Cela renvoie à un autre exemple, qui est celui de la place des femmes. Lorsque je suis arrivée à l'Assemblée nationale dans les années 1990, les femmes représentaient moins de 20 % des députés. Ce constat se traduisait dans les débats, teintés de propos sexistes. J'ai pu constater, en tant que députée, que la parité a permis de transformer positivement ce rapport de force, non seulement au sein de l'Assemblée, mais également au niveau des conseils municipaux, régionaux et départementaux. Mais, en raison des freins qui subsistent, et malgré la parité au sein des listes, seules 19 % des communes élisent une femme comme maire. Il est donc nécessaire, au-delà de l'adoption de lois, de mener un combat permanent pour transformer les mentalités et expliquer que les femmes sont tout aussi compétentes et disponibles que les hommes. Le Comité national pour le renforcement de l'éthique et de la vie démocratique propose d'établir la parité, pour toutes les instances du mouvement sportif et pour chacune des élections. Nous proposons ainsi une modification des règles électorales, avec une proportionnelle sur liste. Mais si la loi est nécessaire, en ce qu'elle permet d'avancer et d'établir des droits, des mesures concrètes le sont également, afin que chacun, homme ou femme, puisse s'engager bénévolement à tous les niveaux. C'est pourquoi nous proposons l'indemnisation des dirigeants bénévoles, de la même façon qu'un maire ou un adjoint est indemnisé pour le temps qu'il consacre à sa fonction. Il est également nécessaire de réfléchir à des mesures permettant aux femmes de dégager du temps pour l'engagement bénévole, comme la prise en compte de cet engagement dans le calcul des trimestres de retraite. Le combat pour le partage des tâches domestiques doit également se poursuivre, car le poids des responsabilités familiales dissuade toujours les femmes de s'engager ou de prendre des responsabilités dans le mouvement sportif ou d'autres mouvements associatifs. Il faut donc des mesures et des lois, mais également un combat constant pour changer les mentalités, qui commence dès le plus jeune âge. Il est encore courant, en effet, de penser que le sport est plus important pour les garçons que pour les filles.
Sur le sujet du financement, je suis d'accord avec la proposition d'une taxe. J'estime également qu'il serait nécessaire de réfléchir au statut des ligues professionnelles. Actuellement, les fédérations sont des associations, au sein desquelles des entités appelées ligues professionnelles sont notamment chargées de gérer d'importantes sommes d'argent. Il y a peut-être également lieu de revoir le fonctionnement du sport professionnel dans son intégralité, non pour le remettre en cause, mais pour en étudier la gestion. Chez les présidents de ligues professionnelles, le concept de parité est, aujourd'hui encore, tourné en dérision, aucune femme n'étant aujourd'hui présidente de club.
En ce qui concerne les violences sexuelles, je pense qu'il est nécessaire de prendre une décision forte en créant une agence indépendante. C'est grâce à une décision similaire que nous avons pu progresser dans le domaine de la lutte contre le dopage. Des présidents expliquent que certaines méthodes d'entraînement appartiennent à la culture de leur fédération. Des points d'appui extérieurs au mouvement sportif me paraissent donc nécessaires, ainsi qu'un plus grand pouvoir donné aux comités d'éthique.
Sur les terrains de proximité, un encadrement associatif est nécessaire pour éviter la reproduction de la domination patriarcale, en accueillant les filles comme les garçons et en diversifiant les pratiques sportives. Il est, enfin, essentiel de développer l'EPS à l'école et de soutenir les associations sportives scolaires, qui sont aujourd'hui en grande difficulté faute de bénévoles. Nous pourrions par exemple créer une semaine du sport dans les collèges et les lycées, au cours de laquelle les clubs locaux pourraient présenter leurs activités et échanger avec les élèves. Il s'agit de donner envie aux jeunes d'aller vers les clubs, à travers un moment fort de partage entre l'éducation nationale et le sport.
Pour conclure, je souhaite souligner l'importance de donner au ministère des sports les moyens humains nécessaires pour exercer un suivi et un contrôle des fédérations. Des moyens humains et financiers sont nécessaires pour accompagner le mouvement sportif et assurer le droit à la pratique sportive dans notre pays.