Je tiens à souligner l'importance de cette audition, qui permet d'insister sur la continuité de notre action.
Selon moi, le sport s'inscrit dans la société et en est le reflet. Les sportifs et sportives peuvent jouer un rôle de modèle et véhiculer l'image de l'égalité entre les femmes et les hommes. Mon expérience d'athlète m'a permis de constater que, malgré une pratique paritaire, l'encadrement et la gouvernance sont majoritairement masculins. À la fin de ma carrière sportive, j'ai créé une association pour promouvoir la pratique sportive chez les femmes, notamment après l'accouchement, un moment où elles ont besoin de sport et de se retrouver entre elles. Le monde du sport peut en effet favoriser le rapprochement entre les femmes, le partage et la sororité, qui sont encore trop peu proposés au sein du monde sportif fédéral. Je suis ainsi convaincue que la diversification de l'offre sportive et une plus grande féminisation de la gouvernance des fédérations peuvent contribuer à accroître l'offre et à attirer davantage de femmes.
L'égalité entre les femmes et les hommes a été l'un des fils conducteurs de mon mandat de quatre années au sein du ministère des Sports. J'ai eu la chance de pouvoir m'inscrire dans une dynamique porteuse en termes d'égalité femmes-hommes, grande cause du quinquennat du Président de la République et objectif affiché pour les organisateurs des JOP. Nous sommes parvenus à inscrire dans la loi une parité réelle, à 50 %, entre les femmes et les hommes dans les organes exécutifs des fédérations et des ligues sportives, au niveau national et régional, à partir de 2024 et à horizon 2028. Nous avons également réussi, grâce à la loi de 2022, à limiter le nombre de mandats à trois, brisant ainsi le plafond de verre pour les femmes à la tête des fédérations et des ligues. J'étais, à titre personnel, favorable à la proposition d'une alternance entre femmes et hommes pour les mandats des dirigeants, qui pourrait être reprise et expérimentée dans le cadre des travaux de cette délégation. Nous avons en outre élargi le système de vote, pour que la moitié des voix proviennent des clubs et l'autre des grands électeurs. En complément des plans de féminisation précédemment évoqués, la loi de 2021 acte, plutôt qu'un retrait de l'agrément, la possibilité de ne pas le renouveler en cas de non-respect des objectifs fixés. Nous avons par ailleurs inclus, au sein des contrats d'objectifs et de financement, un plan de prévention des violences, un plan d'engagement pour le développement durable, un plan de lutte contre toutes formes de discrimination et de violence.
Nous avons également travaillé sur l'inclusion du sport dans le système de santé. Certains sports, tels que la natation ou le vélo, sont désormais inclus dans le code de l'éducation en tant que savoirs fondamentaux, afin de contribuer à la lutte contre les difficultés rencontrées par les femmes dans l'accès au système de santé. Certains sports sont ainsi proposés en prévention ou dans leur dimension curative ou réparatrice, et pris en compte par les mutuelles et le système de sécurité sociale. La loi prévoit la possibilité d'une prescription de sport sur ordonnance pour un plus grand nombre d'affections de longue durée, qui concernent également les femmes. Nous avons mis en place des référents sport au sein des établissements accueillant des personnes en situation de handicap, afin de garantir un meilleur accès à la pratique sportive. Nous avons également travaillé sur un guide relatif à la maternité pendant la carrière sportive.
Pour terminer, la lutte contre les VSS a été un volet prépondérant de mon action, et nous sommes passés de quelques cas à 2 000 cas traités aujourd'hui. J'estime qu'il s'agit d'un aspect fondamental de l'égalité entre les femmes et les hommes. Nous ne pouvons pas souhaiter que les femmes s'engagent dans le monde du sport sans commencer par les protéger. C'est pour cela que la loi de 2014, renforcée par la loi de 2022, qui impose la formation des éducateurs sportifs à ce sujet des violences, va nous être très utile. J'occupe actuellement un poste au sein de la mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (Miprof), chargée de produire des outils de formation pour les professionnels de première ligne. J'ai mené un combat de quatre ans pour libérer la parole et combattre les VSS dans le monde du sport, que ce dernier doit encore s'approprier. Tous les corps de l'État sont aujourd'hui présents et engagés sur ce sujet de longue haleine, qui nécessite de poursuivre la formation et l'information.