Je souhaite revenir en arrière afin d'examiner ce qui a été réalisé et ce qui a été difficile à mettre en œuvre. En 2012, lorsque j'étais ministre des droits des femmes, la question de l'égalité entre les femmes et les hommes dans le sport s'est rapidement posée. Les chiffres parlaient alors d'eux-mêmes, puisque seules douze fédérations sportives approchaient la parité dans leur comité directeur, tandis que les clubs féminins étaient scandaleusement sous-financés, tant par les sponsors privés que par les subventions publiques. La couverture médiatique du sport féminin était également déséquilibrée, avec 85 % du temps médiatique consacré au sport masculin et seulement 9 % des articles de presse sportive signés par des journalistes femmes.
Face à cette situation, nous avons élaboré une feuille de route transversale pour tenter de résoudre ces difficultés. Afin de tendre vers l'égalité entre les femmes et les hommes dans le domaine sportif, nous avons identifié trois axes : celui du terrain, avec une pratique sportive paritaire, celui des écrans et de la médiatisation, et enfin celui des instances dirigeantes du monde sportif. Sur le terrain, le nombre de femmes pratiquant un sport ou s'impliquant dans la vie d'un club par des fonctions d'arbitrage ou d'encadrement était clairement insuffisant. Les pratiques sportives étant largement genrées, avec par exemple 80 % de femmes en équitation et 95 % d'hommes en rugby, nous avons demandé aux fédérations sportives de nous présenter des plans de féminisation. Un an plus tard, 65 % de ces plans avaient été adoptés.
Le sujet de la médiatisation du sport féminin est essentiel, en ce qu'elle contribue à renforcer l'appétence et les projections du public. Nous avons ainsi acté la révision de la directive européenne dite « Télévision sans frontières », qui liste les EMI devant être diffusés gratuitement, afin d'y introduire davantage de sport féminin. Nous avons également organisé, pour la première fois, les 24 heures du sport féminin, un événement devenu depuis récurrent et visant à donner davantage de visibilité au sport féminin. Ce travail nous a conduits à renforcer, dans la loi du 4 août 2014 relative à l'égalité réelle entre les femmes et les hommes, les pouvoirs du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) en matière de respect de l'équilibre dans la représentation femmes-hommes à la télévision, et de vigilance en matière de discours sexistes.
Nous avons, enfin, travaillé sur l'égalité par le sommet, en renforçant la présence des femmes dans les instances dirigeantes du monde sportif. À ce moment-là, les fédérations sportives devaient respecter uniquement le principe de proportionnalité entre le nombre de femmes licenciées et le nombre de dirigeantes, et seules un tiers d'entre elles le respectait en pratique. Nous avons donc étendu, dans la loi de 2014, l'objectif de parité à d'autres domaines que celui de la politique, y compris aux fédérations sportives. Nous avions fixé des objectifs à atteindre avant 2020, avec par exemple, pour les fédérations où la proportion de femmes est inférieure à 25 % de licenciées, l'obligation d'accueillir au moins 25 % de femmes dans leurs instances dirigeantes, et 50 % dans celles qui comptent une part de licenciées supérieure à 25 %. En cas de non-atteinte de ces objectifs, les fédérations encouraient le risque d'un retrait de leur agrément.
Je suis convaincue du lien direct entre ces trois axes d'action. En changeant la représentation au sommet, nous changeons la pratique sur le terrain et l'appétence pour la couverture médiatique du sport féminin.