Ce n'était pas le sens de ma question sur les filières, d'autant que je connais bien l'origine de la suppression des quotas sucriers. Pour moi, il n'y a pas de réflexion globale. Si je me place dans la logique des producteurs qui s'estiment les plus compétitifs, capables d'accroître la production et de battre leurs concurrents, je ne comprends pas les raisons des fermetures de raffineries. Pourquoi ne pas investir dans une perspective de décarbonation et d'en faire des raffineries hypermodernes au lieu de les fermer ? Dans la Somme, celle d'Abbeville a depuis longtemps laissé la place à un centre de commercial et un cinéma – quel symbole de la désindustrialisation ! – et celle d'Eppeville a fermé plus récemment. Les décisions semblent dénuées de sens : si nous sommes les meilleurs, il faut créer une filière capable de traiter les surplus et ne pas laisser les betteraves pourrir sur le sol.
Le ministère a pensé cette filière, dites-vous. Les torts sont peut-être partagés par certains acteurs dominants de la filière qui ont intérêt à exporter. Si je parle de déshérence, ce n'est pas pour critiquer les betteraviers qui sont formidables et que je soutiens comme beaucoup d'autres députés. Ce que je critique, c'est l'attitude qui consiste à prétendre que l'on va gagner sans y mettre les moyens industriels, à prendre une décision concernant les produits phytosanitaires sans en anticiper les conséquences. Je ne vois pas la stratégie de filière telle que conçue dans la pensée colbertiste française. C'est la même chose pour le lin, que vous n'avez pas évoqué dans votre réponse.