Je m'interroge aussi sur la pertinence économique des filières. Les plans se succèdent depuis vingt ans, notamment dans les domaines des protéines végétales, de la laine ou du lin, donnant l'impression que chaque ministre repart de zéro. De Stéphane Le Foll à Julien Denormandie, c'est un éternel recommencement. On nous annonce ainsi depuis vingt ans la renaissance de la filière lin : la transformation et la valorisation sur place de cette matière dont la France est le premier producteur mondial – entre 60 et 70 % de la production totale selon les années. Ces plans ne semblent répondre qu'à un objectif de communication, alors que les enjeux sont importants, notamment en ce qui concerne les protéines végétales.
Autre filière en déshérence : celle de la betterave, plante dont on connaît pourtant les vertus pour la transition écologie et sa capacité à être utilisée dans la chimie verte. Ne revenons pas sur l'interdiction de produits phytosanitaires et parlons de la suppression des quotas sucriers, dont on aurait pu penser qu'elle entraînerait une augmentation de la production. Or il n'y a aucun plan sur la transformation, les raffineries. Au conseil régional des Hauts-de-France, on lance des plans chimie verte complètement anecdotiques et déconnectés des enjeux. Lors des auditions, je n'obtiens que très peu de réponses à mes nombreuses questions sur le sujet. Comment ces filières sont-elles pensées, construites, suivies ? Alors que beaucoup d'argent public est mobilisé et que les enjeux économiques sont importants, on se retrouve avec des plans sous forme de PowerPoint, des choses qui paraissent sympathiques au départ mais qui ne mènent à rien.