Les causes sont multifactorielles et s'analysent sur vingt ou vingt-cinq ans.
L'élargissement a certainement joué sa part, dans la mesure où des pays comme la Pologne sont entrés dans l'Union européenne et ont su se montrer compétitifs sur certains produits, comme la pomme ou la volaille. Ces pays ont bénéficié d'aides de préadhésion qui les ont aidés à moderniser leur système de production – les bâtiments d'élevage, par exemple.
Par ailleurs, dans la mesure où il s'agit d'un marché intérieur, les chaînes de valeur ont pu être amenées à se recomposer. Certaines entreprises dans l'agroalimentaire ont pu considérer qu'elles avaient intérêt à diversifier leurs approvisionnements et à ne pas être dépendantes du seul marché national, en estimant que l'Union européenne était un espace de solidarité assez fort, avec des partenaires fiables, et qu'aller se fournir auprès d'un autre État membre ne représentait pas une prise de risque aussi grande qu'auprès d'un pays tiers, où existe un aléa géopolitique et de politique monétaire.
Enfin, même si c'est un peu difficile à appréhender, il y a aussi un effet du positionnement qualitatif des exportations françaises. Nous avons plutôt fait le choix d'une montée en gamme de notre production sur beaucoup de segments, ce qui nous permet d'être bien positionnés sur les marchés des États-Unis, du Royaume-Uni ou du Japon. D'autres pays de l'Union européenne ont fait le choix de se placer sur l'entrée ou le milieu de gamme, ce qui peut expliquer une forme de recomposition dans certaines filières.