Ma direction, au sein du ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire, s'occupe des questions économiques et de l'accompagnement des entreprises agricoles et agroalimentaires face aux défis que représentent la transition environnementale et la résilience.
Pour résumer notre activité, nous sommes chargés, en particulier, de négocier à Bruxelles, de mettre en œuvre la Politique agricole commune (PAC) en France et de coordonner l'action de l'ensemble des directions du ministère sur les aspects européens et internationaux, même si chacune a sa compétence propre. Nous déployons aussi un certain nombre de leviers nationaux en complément des leviers européens sur les thématiques que j'ai citées.
La France reste une grande puissance agricole et agroalimentaire. Nous avons eu l'occasion de vivre un « stress test » grandeur nature sur l'état de notre souveraineté alimentaire, pendant la crise du covid : notre chaîne d'approvisionnement agricole et agroalimentaire a tenu. Nous avons conduit, par la suite, d'autres travaux pour approfondir le sujet. Cela nous a permis de constater que nous restions une grande puissance agricole exportatrice nette. Le solde net de notre balance commerciale avec les pays tiers est positif, avec un excédent de 9,7 milliards d'euros en 2023, mais il se dégrade depuis 2015 vis-à-vis de l'Union européenne, avec un déficit de 4,6 milliards d'euros en 2023.
Derrière ces chiffres globaux, il y a des réalités de filières. Les points forts pour la ferme France sont les vins et spiritueux, qui représentent un excédent de plus de 13 milliards d'euros en 2023 ; les céréales, pour plus de 7 milliards d'euros ; le lait et les produits laitiers ; les animaux vivants ; la filière du sucre. Nous sommes déficitaires dans : la filière des fruits et légumes, où se pose un vrai problème de souveraineté alimentaire ; les produits de la pêche et de l'aquaculture, qui ne sont pas dans le périmètre de ma direction générale ; les viandes et produits carnés ; les oléagineux.
Chaque filière a sa logique et ses questionnements propres. Il y a des questions de compétitivité, de positionnement qualitatif ou d'évolution des préférences des consommateurs. La demande pour les fruits tropicaux a ainsi augmenté ces dernières années et la France n'est pas forcément bien positionnée pour y répondre. Dans le secteur des produits laitiers, excédentaire à hauteur de 3 milliards d'euros, nous sommes à la fois exportateurs et importateurs, notamment pour répondre à la grande consommation de beurre. Ces mouvements d'importation et d'exportation sont visibles dans la plupart des filières. Pour prendre l'exemple des viandes, nous exportons des bovins maigres vers l'Espagne et l'Italie et nous importons de la volaille.
Derrière ces chiffres globaux, qui restent positifs et montrent que nous restons une puissance agricole, il existe des points de vigilance sur lesquels le Gouvernement travaille. C'est notamment pour cette raison que nous avons élaboré ces dernières années des plans de souveraineté par filière, qui visent à accompagner celles qui sont particulièrement exposées aux déficits, en complément d'outils plus connus et plus classiques que nous déployons par ailleurs, notamment ceux de la politique agricole commune.