Intervention de Floriane Rivière

Réunion du mercredi 29 mai 2024 à 17h15
Commission d'enquête sur les difficultés d'accès aux soins à l'hôpital public

Floriane Rivière, directrice générale du CHU de Tours, vice-présidente de la commission « Stratégie » de la conférence des directeurs généraux de CHU :

Aujourd'hui, les directeurs d'établissement s'investissent pleinement dans ce domaine. Chaque territoire présentant des dynamiques et des problématiques spécifiques, un travail important est réalisé pour fluidifier les relations entre les acteurs, dont les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) et les acteurs du médico-social. L'ensemble des acteurs de la santé publics, privés, sanitaires, médico-sociaux, libéraux ou hospitaliers, participe aujourd'hui à une démarche d'animation des territoires.

Les directeurs d'établissement jouent un rôle central dans cette dynamique, en s'appuyant sur les relations entre les équipes médicales. Bien sûr, des dissensions persistent entre médecins et équipes de direction. L'hôpital est un collectif complexe, chargé d'une forte dimension émotionnelle, et des conflits peuvent survenir, notamment concernant les priorités de l'établissement. Cependant, les CHU s'efforcent d'impulser une dynamique de gouvernance collaborative, incluant un binôme, voire un trio de gouvernance, pour faire avancer les projets.

Ensuite, la configuration des CHU multisites, qui rassemblent des établissements aux ressorts différents, a nécessité une adaptation des politiques hospitalières. Les établissements de proximité suscitent des interrogations légitimes. Juridiquement, un établissement de proximité ne dispose ni de maternité ni de bloc opératoire, mais peut néanmoins offrir des services d'urgence ou des antennes d'urgence. Son mode de financement diffère, car il bénéficie d'une sécurisation de ses recettes puisqu'il ne peut pas générer une activité suffisamment rémunératrice dans le cadre de la T2A.

Ces établissements jouent un rôle essentiel dans les territoires et ont développé des modes de fonctionnement très collaboratifs avec des CPTS, des centres de santé, des cabinets libéraux, y compris au sein de l'hôpital, favorisant ainsi une réelle proximité. L'hôpital de proximité, sans disposer de toutes les spécialités du CHU, permet d'entrer dans une filière de soins.

Madame Thomin m'a interrogée sur la gouvernance actuelle des groupements hospitaliers. Actuellement, les présidents de conseil de surveillance sont élus parmi les membres du conseil de surveillance, mais sont le plus souvent les maires de la ville où se trouve l'établissement-siège. Il est essentiel que les maires conservent leur influence dans la gestion des conseils de surveillance, car tous les établissements – y compris les CHU – ont une activité de proximité et demeurent le premier recours pour la population locale. Cependant, dans les groupements hospitaliers – notamment ceux portés par les CHU, qui ont une vocation régionale pour les activités de recours – la structuration d'une gouvernance pilotée par le conseil régional prend tout son sens.

Il est nécessaire de trouver un équilibre entre la gouvernance de proximité et la régionalisation. Par ailleurs, la politique d'universitarisation se déploie sur l'ensemble du territoire, intégrant la région dans ces réflexions, y compris pour la recherche. À ce titre, il est primordial que les conseils régionaux accordent une attention particulière à la recherche biomédicale et au financement de projets en matière de santé. En outre, les questions de transport et de logement, cruciales pour les étudiants, relèvent de la compétence régionale. En résumé, la région occupe donc une place significative dans la stratégie de santé, particulièrement pour les CHU.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion