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Intervention de le professeur Rémi-Henri Salomon

Réunion du mercredi 29 mai 2024 à 17h15
Commission d'enquête sur les difficultés d'accès aux soins à l'hôpital public

le professeur Rémi-Henri Salomon, président de la commission médicale d'établissement centrale de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, président de la conférence des présidents de commission médicale d'établissement de centre hospitalier universitaire (CHU) :

Votre étonnement ne me surprend pas. Le professeur Robert Debré, créateur des centres hospitaliers universitaires à la fin des années soixante, déclarait, à la fin de sa vie, devant un auditoire de professionnels de la santé publique : « Je n'ai pas eu le temps de réaliser la dernière étape de ma réforme, celle de la santé publique. Il faut ouvrir l'hôpital sur la ville. » Soixante ans plus tard, Robert Debré n'a toujours pas été suivi. Nous accusons un retard en France dans le domaine de la santé publique, y compris dans la recherche. Par exemple, les médecins généralistes effectuent très peu de recherches en soins primaires en France. D'autres pays le font bien mieux que nous. Nous aurions grand intérêt à nous y atteler. Dans de nombreux domaines de recherche, le CHU n'a pas à rougir. Nous pratiquons une médecine de pointe, des innovations que le monde entier nous envie. Cependant, dans le champ de la santé publique, nous sommes en retard, notamment en recherche en soins primaires.

Ensuite, les sciences humaines et sociales sont plus présentes dans les études médicales qu'auparavant, mais cela reste insuffisant. Vous avez par ailleurs raison de pointer la nécessité de favoriser la transversalité, même si des progrès sont perceptibles.

Vous me demandez si je suis représentatif : je l'ignore. Cependant, je suis convaincu que mon discours ne tombe pas à plat. Mon objectif consiste à inciter les gens à réfléchir sur ces sujets. Nous sommes, selon moi, les champions du monde de la division dans le domaine de la santé ; les lignes de fracture sont omniprésentes, même au sein des hôpitaux. Au-delà de la fracture entre l'administration et le corps médical, les divisions existent aussi entre les services, entre la médecine de ville et la médecine hospitalière, entre les jeunes et les anciens.

Dans ce cadre, il est nécessaire de briser les barrières et de favoriser la collaboration entre les équipes. Cela répond aux besoins de santé de la population. Les jeunes qui intègrent cette profession, dans leur grande majorité, cherchent à donner du sens à leur métier. Il est tout à fait possible de les intéresser et de les motiver, ce qui implique de sortir de nos querelles de clocher. Cette réflexion s'applique également à la médecine de ville.

Je regrette les tensions récentes avec les responsables de la médecine générale, notamment concernant la possibilité pour un interne de médecine générale de réaliser son stage à l'hôpital. Il existe parfois des incompréhensions, mais beaucoup de personnes souhaitent réfléchir de manière saine et juste. Je constate d'ailleurs que les CPTS se mettent en place progressivement. Il existe également d'autres modèles, comme les maisons de santé ou les centres de santé qui peuvent s'affilier par convention. Par exemple, des CHU ont ouvert des centres de santé à Marseille.

Aux États-Unis, le modèle est différent, puisque les assurances gèrent l'ensemble de la filière. Le patient ne change pas de structure au cours de son parcours et les professionnels de santé sont placés sous l'égide d'une même organisation. Nous pourrions envisager de tisser des liens similaires, sans opposer un service public doté de médecins salariés au secteur libéral.

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