Intervention de Roselyne Bachelot

Réunion du mercredi 29 mai 2024 à 15h00
Commission d'enquête sur les difficultés d'accès aux soins à l'hôpital public

Roselyne Bachelot, ancienne ministre de la santé, ancienne ministre des solidarités et de la cohésion sociale :

En l'espèce, il s'agit d'un exemple typique d'une mobilisation que j'ai trouvée peu pertinente. Certes, monsieur Christian Troadec possédait une capacité d'entraînement considérable. Cependant, je considère que maintenir une maternité qui n'atteint même pas le seuil très bas de 300 accouchements par an, comme c'était le cas pour la maternité de Carhaix, met en danger la santé des femmes et des enfants.

Prétendre que la proximité est un facteur de sécurité pour la mère et l'enfant est trompeur. Le récent rapport de la Cour des comptes l'a d'ailleurs montré de manière irréfutable. Face à l'émotion suscitée et à la difficulté de faire preuve de pédagogie dans ce domaine, j'ai élaboré, avec l'aide précieuse de Jean-Yves Le Drian, alors président du conseil régional, une solution novatrice : le rattachement de l'hôpital de Carhaix au CHU de Brest. Je note d'ailleurs que monsieur Troadec s'est violemment opposé à ce rattachement. Lorsqu'il a eu l'audace de me rencontrer à Carhaix, il y a deux ans, je lui ai rappelé qu'il n'avait pas accepté cette solution, que nous avions mise en place avec Jean-Yves Le Drian. À tout pécheur, miséricorde.

Nous savons désormais que le seuil de sécurité n'est pas de 300 accouchements par an, mais plutôt de 900 à 2 000 accouchements en réalité. On met souvent en avant des exemples de personnes ayant accouché dans leur voiture ou dans un camion de pompiers. J'ai moi-même une amie qui, bien qu'habitant à trois kilomètres de la maternité, a accouché de son cinquième enfant sur le trottoir. Il est possible de disposer d'une maternité à proximité et néanmoins d'accoucher dans des conditions imprévues. En ce qui concerne les accouchements difficiles, notamment ceux impliquant une anoxie ou une hypoxie du bébé, seules les maternités de haut niveau peuvent sauver la mère et l'enfant. Il est donc impératif de cesser de promouvoir le mythe de la maternité de proximité pour la santé génésique de la mère et de l'enfant.

Il n'en demeure pas moins que nous pourrions améliorer nos performances dans ce domaine. Cependant, les maternités de proximité ne le permettront pas. La solution réside dans la gradation et l'harmonisation des structures. En transformant un hôpital de proximité en un centre de suivi de néonatologie, nous adoptons la bonne formule, qui permet de repérer les grossesses à risque, de suivre plus précisément les multipares – même si elles sont de moins en moins nombreuses – et de prévoir les risques d'accouchement prématuré ou de procéder à des hospitalisations préventives.

Vous soulevez également la question du regroupement en communautés hospitalières et de la gouvernance. Quinze ans après, je ne suis pas en mesure de juger des dysfonctionnements qui auraient pu survenir, mais j'encourage la structure-mère à opérer avec doigté et démocratie, en respectant les petites structures.

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