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Intervention de Roselyne Bachelot

Réunion du mercredi 29 mai 2024 à 15h00
Commission d'enquête sur les difficultés d'accès aux soins à l'hôpital public

Roselyne Bachelot, ancienne ministre de la santé, ancienne ministre des solidarités et de la cohésion sociale :

Je réfute l'idée que nous n'ayons rien entrepris. La perception de la situation n'avait pas la gravité qu'elle présente actuellement. Cependant, lors de flambées épidémiques hivernales ou lors de la grippe A/H1N1, des tensions apparaissaient dans environ 15 % des services d'urgence. La médecine de premier recours commençait à ressentir ces pressions. À mon sens, il fallait intervenir davantage en périphérie de l'hôpital plutôt qu'en son cœur, afin de préserver ce dernier des difficultés qui l'ont affecté. Depuis quelques années, nous nous concentrons principalement sur l'hôpital, alors que nous devrions également nous pencher sur les aménagements nécessaires de la médecine de premier recours. L'hôpital assume avec les urgences des fonctions qui ne lui incombent pas. Il est également anormal qu'une personne accueillie en établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) doive finir sa vie à l'hôpital. La médicalisation des établissements d'hébergement pour personnes âgées représente un enjeu majeur.

Ce consensus général, visible dans les débats sur la loi HPST, a conduit à la création des ARS. J'ai d'ailleurs été surprise de voir certains défenseurs de cette mesure prétendre ne jamais l'avoir soutenue. Je souhaitais préparer le pays à une révolution systémique et organisationnelle. Cependant, la durée de vie des ministres étant limitée, leurs successeurs n'ont souvent pas la volonté d'assurer la mise en œuvre des réformes qui ne portent pas leur nom. Cela n'est pas spécifique aux ministres qui m'ont succédé, c'est inévitable.

La diminution du nombre de lits hospitaliers avait été abordée en son temps par Jack Ralite, ancien ministre de la santé, qui avait souligné que nous disposions effectivement d'un surplus de lits hospitaliers. Les transformations en cours à l'hôpital ne se limitent pas à une obligation de réduire la durée des séjours. Par exemple, traiter une tumeur cérébrale avec un Gamma-Knife ou un CyberKnife permet à un patient d'entrer à dix heures du matin et de sortir à seize heures, alors qu'auparavant, une trépanation du crâne suivie de plusieurs mois de rééducation était nécessaire.

Nous ne sommes plus dans la même optique. Aujourd'hui, nous pratiquons des valvuloplasties et des opérations de chirurgie cardiaque lourdes avec des techniques non invasives, voire mini-invasives, ce qui est absolument extraordinaire. Nous réalisons également des ablations de kystes ovariens de manière similaire. Nous savions qu'il y avait trop de lits de médecine, chirurgie et obstétrique (MCO), des lits inoccupés. À l'époque, nous évaluions à 50 000 le nombre de lits de court séjour en excédent à l'hôpital, et je pense que ce chiffre était en deçà de la réalité. Il était bien sûr nécessaire de supprimer des lits inutiles.

En résumé, tout cela devait être anticipé et les moyens devaient être réalloués. En examinant la situation, on constate qu'il n'y a jamais eu de diminution des crédits consacrés à la santé. Au contraire, ces crédits ont augmenté de manière significative.

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