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Intervention de Martial Ze Belinga

Réunion du samedi 28 octobre 2023 à 9h05
Commission des affaires étrangères

Martial Ze Belinga, économiste et sociologue, expert associé au comité scientifique international de l'Organisation des nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) pour l'histoire générale de l'Afrique :

Je souhaite aborder deux aspects concernant les avantages évidents du franc CFA.

Premièrement, la stabilité monétaire. Bien que je me répète, je suis convaincu qu'il existe des lacunes dans les sciences économiques, comme dans toutes les sciences. Les indicateurs développés pour les économies avancées ne sont pas toujours adaptés aux contextes des pays en développement. Le franc CFA, en place depuis quatre-vingts ans, semble stable et présente une inflation moindre. Si cette faible inflation était réellement bénéfique sur le long terme, cela se traduirait par des différences de niveaux de pauvreté mais ce n'est pas le cas. Les effets redistributifs théoriques ne semblent pas se concrétiser. C'est un point sur lequel le débat peut être nuancé.

Deuxièmement, la question de la production et de la transformation productive est absente du débat sur le développement et du franc CFA. Cette absence dans l'architecture du franc CFA implique une acceptation implicite du sous-développement de ces pays, tout en maintenant une forme de stabilité, ce qui est problématique.

Il est évident que nous ne trouvons plus, même dans les rapports, des informations sur le niveau d'industrialisation de ces pays. On n'en parle plus. À un moment, on a même évoqué la désindustrialisation précoce. Il est donc compréhensible que les gens se sentent mal. D'un côté, les indicateurs laissent penser que tout va bien mais, concrètement, les gens ne se sentent pas aussi bien. Je ne crois pas qu'ils soient totalement irrationnels. Peut-être que nous n'avons pas les bons outils.

À mon avis, la solution pour la France serait de retirer sa garantie et de laisser ces pays s'organiser eux-mêmes. Cela relève de leur domaine. Ils ont des agendas avec l'Union africaine, notamment l'Agenda 20-63, qu'ils peuvent mener à bien. Je pense que c'est peut-être la solution. Au sein de cette solution, il faudrait se diriger vers des monnaies que je qualifie de « panafricaines, transformationnelles, alternatives et holistiques ». Je n'ai pas le temps de développer en détail mais une monnaie panafricaine serait solidaire. Une monnaie transformationnelle, quant à elle, doit intégrer des indicateurs de transformation économique dans sa gouvernance. Sinon, nous risquons d'avoir de la croissance sans développement.

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