Ce site présente les travaux des députés de la précédente législature.
NosDéputés.fr reviendra d'ici quelques mois avec une nouvelle version pour les députés élus en 2024.

Intervention de Nicolas Dupont-Aignan

Réunion du samedi 28 octobre 2023 à 9h05
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Dupont-Aignan :

Ce débat revêt une importance capitale pour l'avenir des relations entre la France et l'Afrique. Je souhaite formuler deux remarques, l'une d'ordre politique et l'autre d'ordre économique, avant de poser deux questions précises.

Le premier point, souvent négligé dans notre pays, est qu'il n'existe pas de souveraineté nationale sans souveraineté monétaire. Depuis de nombreuses années, nous subissons les conséquences industrielles, économiques et politiques de notre dépendance à l'euro, ce qui nous a fait perdre l'habitude de la souveraineté. Je comprends parfaitement la volonté des peuples africains de retrouver leur liberté monétaire, essentielle à la construction de leur avenir. Il serait totalement erroné que la France s'entête à maintenir la zone du franc CFA. En effet, elle a déjà perdu une partie de son influence et devient le bouc émissaire, ce qui nous conduit à des tensions avec l'Afrique. Il est donc nécessaire de regarder la réalité en face. Que cela plaise ou non, que l'on soit d'accord ou pas, cette situation est perçue comme le maintien d'un lien ancien. Il faut avoir le courage de remettre en question ce lien de manière intelligente, et la France doit prendre l'initiative. Si nous ne le faisons pas, ce seront les Chinois, les Russes ou les Américains qui s'en chargeront. Il est temps de cesser d'aborder cette question avec passion.

Le deuxième point concerne l'économie. Il est essentiel de comprendre que les pays africains ont besoin de retrouver une production agricole et industrielle. Pour connaître le Sénégal, ce pays importe tout. Avec une monnaie trop chère, arrimée à l'euro, le développement est impossible. Il est tout de même incroyable de constater que tous les pays ont eu recours à la dévaluation pour se développer, et que cela est refusé à certains pays. Je pense sincèrement que la question n'est pas celle du taux de change fixe mais bien du niveau de ce taux de change. Il est possible de maintenir un taux de change fixe tout en le faisant évoluer. Prenons l'exemple de la stratégie adoptée par Singapour, les pays d'Asie, les États-Unis, tous les pays du monde ont utilisé cette méthode. Pourquoi l'Afrique n'aurait-elle pas le droit de gérer son taux de change de manière similaire ? Il est impératif de changer de système et de le faire au plus vite car la dégradation de la position de la France en Afrique est catastrophique. Si nous continuons ainsi, nous serons confrontés à un problème sérieux.

La question est simple. Certaines élites africaines profitent énormément de ce système et il est essentiel de trouver une solution pour en changer. Cependant, cela ne passe pas nécessairement par un retour aux monnaies nationales dans les pays qui le peuvent, comme le Sénégal ou la Côte d'Ivoire. La véritable difficulté réside dans les pays qui ne disposent pas d'institutions solides. Dans ces cas-là, la tâche est immense car je ne crois pas du tout, et vous avez raison de le souligner, à l'eco. C'est par une vraie formation à la gestion d'une monnaie nationale que nous pourrons y arriver.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.