Sortir éventuellement du franc CFA ne constitue pas nécessairement une menace. En examinant l'histoire, on constate que le fait de conserver la même monnaie pendant un siècle n'est pas forcément synonyme d'efficacité ou de développement. En réalité, pour les pays en développement, il est crucial de noter que quatorze pays africains utilisent le franc CFA sur un total de cinquante-cinq pays. Cela démontre que les autres pays ne subissent pas de catastrophes quotidiennes. Les imaginaires autour du franc CFA ont généré une peur injustifiée concernant une éventuelle sortie de cette monnaie.
Un deuxième point fondamental, surtout pour les pays en développement, concerne les effets d'apprentissage. Certes, des secousses peuvent survenir mais c'est précisément à travers ces secousses que les pays apprennent à gérer leur économie, à soutenir leur taux de change et à diversifier leurs économies pour ne pas trop dépendre d'une seule matière première.
Il ne s'agit pas de se focaliser uniquement sur le franc CFA. Le thème du devenir est particulièrement pertinent car il ne se limite pas à l'avenir ; il inclut une dynamique et un changement d'état. On peut tout à fait envisager l'avenir monétaire de ces pays en dehors du franc CFA sans que cela n'engendre de craintes particulières. Il est important de rappeler que même le franc français a connu des secousses, des dévaluations, des appréciations et des périodes de franc fort. Ces fluctuations sont tout à fait normales. Il est illusoire de souhaiter une fixité du taux de change ou un immobilisme que l'on qualifierait de stabilité. Comment justifier que des pays conservent le même taux de change pendant plus de cinquante ans alors que leurs caractéristiques évoluent ? Par exemple, certains pays d'Afrique de l'Ouest sont en train de devenir des pays pétroliers, alors qu'ils étaient auparavant des pays agricoles. Maintenir la même architecture monétaire dans ces conditions pose indéniablement problème.