Ce débat révèle une grande confusion politique. D'une part, on évoque la légitimité du système monétaire, soulignant qu'il n'a pas été approuvé par les peuples et a été décidé par des régimes plus ou moins démocratiques. D'autre part, on invoque la souveraineté monétaire pour une décision prise par trois gouvernements, dont on peut constater qu'ils ne sont aucunement démocratiques. Cette confusion entre souveraineté et légitimité est problématique. Si les décisions de l'autorité politique ne sont pas légitimes, peut-on vraiment parler de souveraineté ?
Par ailleurs, certaines critiques à l'égard du système monétaire actuel me semblent gênantes. Lorsqu'on forme une union économique et monétaire, comme l'ont souligné mes collègues, les institutions jouent un rôle essentiel. Il s'agit des institutions au niveau de l'union mais aussi de celles de chaque pays membre. Dans une union économique et monétaire, l'appartenance repose sur une certaine qualité et un modèle institutionnel spécifique. Que ce soit pour les unions monétaires existantes ou dans un cadre plus large, comme la CEDEAO, leur approfondissement impliquera nécessairement un contrôle et une influence au niveau fédéral sur les institutions des États membres. Cela entraîne, de facto, une restriction de la souveraineté.
Enfin, il convient de mentionner l'eco. Ce projet, hérité et soutenu politiquement par la tendance panafricaniste, particulièrement influente en Afrique de l'Ouest, n'a pas de véritable réalité économique et est irréalisable. C'est pourquoi il a été annoncé il y a trente ans. Cela a été expliqué de manière très claire. Je pense que ce projet n'a pas d'avenir. Une union monétaire au sein de la CEDEAO n'a pas d'avenir pour une raison très simple : il n'existe pas le substrat politique nécessaire à une telle union. De plus, le niveau de solidarité requis pour une union monétaire fait défaut.