Sur les pays de l'AES, il s'agit du Mali, du Burkina Faso et du Niger. En début d'année, ils ont annoncé leur retrait des instances de la CEDEAO. La CEDEAO, contrairement à l'UEMOA, est une organisation plus vaste. Cette décision a été prise en réponse aux sanctions imposées par la CEDEAO à la suite des coups d'État, sanctions qui ont eu des répercussions sociales très importantes. Dans ces pays, près de 50 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Ces sanctions ont donc considérablement appauvri les populations, entraînant des problèmes d'approvisionnement en médicaments et en biens alimentaires.
Ensuite, les gouvernements de transition de ces pays n'ont plus accès à leurs réserves de change, étant coupés de leurs comptes au niveau régional. Ces pays envisagent désormais de créer une monnaie commune. L'avantage qu'ils possèdent réside dans leur similitude, ce qui, selon les économistes, constitue une zone monétaire optimale. Il est donc potentiellement bénéfique pour eux de s'unir. Cependant, pour émettre une nouvelle monnaie, la confiance est essentielle. Pour instaurer cette confiance, deux éléments sont nécessaires, à savoir des institutions solides et des réserves de change. Or, dans cette région, les institutions sont actuellement fragilisées. Les statistiques montrent qu'à la fin de l'année dernière, seul le Niger disposait de réserves de change en excédent. Les autres pays étaient en déficit et, pour le Niger, ces réserves étaient très limitées.
Si demain ces pays souhaitaient émettre une monnaie commune, un excellent article récent de l'Institut de recherche pour le développement (IRD) en France indique que la démarche comporterait un risque de pénurie de réserves de change, mettrait le système bancaire sous pression et aurait des effets très complexes sur l'intégration commerciale. Cela déstabiliserait l'intégration commerciale au sein de la région. De plus, il y aurait des problèmes concernant les transferts de fonds des migrants, qui bénéficient actuellement de facilités au niveau régional. L'étude démontre qu'il y aurait très probablement un coût économique majeur pour ces trois pays s'ils décidaient d'adopter une monnaie commune.