Le sujet du franc CFA constitue effectivement un élément central dans la relation entre la France et l'Afrique et nous y avons consacré beaucoup d'efforts avec Bruno Fuchs dans le cadre de notre mission d'information sur les relations entre la France et ce continent. J'en ai tiré la conviction que le franc CFA est devenu une source de désinformation et de fantasmes. Nous avons entendu de nombreuses théories sur les avantages que notre pays pourrait en retirer mais, concrètement, la France a quitté les instances de gouvernance de la zone franc. Il n'y a donc plus d'obligations concernant le placement des réserves de change et nous ne tirons aucun avantage économique du franc CFA dans nos échanges, qui restent minoritaires dans les deux zones concernées.
Cependant, le franc CFA est toujours garanti par la France. La parité fixe avec l'euro est maintenue, ce qui confère une réelle stabilité économique, comme vous l'avez rappelé.
Je souligne surtout que les pays sont libres de décider d'abandonner cette monnaie. Mais au-delà des discours, les acteurs économiques et de nombreux gouvernants redoutent l'inflation et l'endettement. J'aimerais entendre nos intervenants sur ce point. Quelles seraient les conséquences concrètes aujourd'hui de la fin du franc CFA dans les pays concernés ? Qu'est-ce qui empêche l'abandon de cette monnaie par le Niger, le Mali, le Burkina Faso ou le Sénégal ? Ne faut-il pas voir dans ce débat la volonté de certains de déstabiliser et de capitaliser sur un sentiment anti-français qui peut exister ? Selon vous, la dette chinoise et le pillage des ressources par la Russie ne constituent-ils pas aujourd'hui des périls bien plus grands pour l'Afrique ?