Pourquoi le Nigeria est-il réticent ? Parce qu'il est exportateur de pétrole. En conséquence, il est totalement contra-cyclique et n'a aucun intérêt à former un groupe sans complémentarités. Le Nigeria, en tant qu'exportateur de pétrole, a des intérêts opposés à ceux des importateurs de pétrole.
Concernant la dette, il convient de rester vigilants. Si demain, les pays se trouvent en situation de vulnérabilité vis-à-vis de leur dette, cela représenterait un problème majeur en Afrique subsaharienne. Le franc CFA permet de maintenir une monnaie arrimée de manière assez forte à l'euro, et donc au dollar. Si ces pays sortent de cette zone, ils risquent de subir une dépréciation ou une dévaluation. Cela entraînerait une augmentation significative de leur endettement. Il est donc crucial d'anticiper ces risques liés à l'endettement.
J'ai proposé trois scénarios dans un de mes papiers. Le premier scénario consiste à poursuivre l'expérience régionale avec des modifications, comme l'a fait l'UEMOA en 2019, en ajustant certains arrangements et réformes liés à la parité. Il s'agit de décider si l'on souhaite maintenir la parité uniquement avec l'euro ou opter pour un panier de devises. On pourrait envisager un ajustement à la baisse de la parité actuelle. Le deuxième scénario concerne l'adoption de l'eco au sein de la CEDEAO. Enfin, le troisième scénario envisage une expérience nationale ou sous-régionale. Plusieurs zones montrent des velléités en ce sens. Le Sénégal a évoqué une sortie du franc CFA pour adopter une monnaie nationale. De même, les pays de l'Alliance des États du Sahel (AES), à savoir le Mali, le Burkina Faso et le Niger, envisagent une monnaie commune. Ces trois scénarios sont les plus probables.