Le franc CFA, perçu comme un héritage colonial de la France, est un choix monétaire soutenu par la majorité des dirigeants africains, dont beaucoup ne sont pas élus démocratiquement. Ce choix vise à garantir une stabilité monétaire face aux instabilités politiques, souvent bien tolérées. Cependant, le franc CFA souffre d'un sérieux problème de légitimité démocratique.
Ces dernières années, les critiques contre cette monnaie se sont intensifiées, notamment avec l'accentuation des différences économiques entre les zones monétaires du continent. De plus, les divers coups d'État, couplés à des sanctions économiques contre les nouveaux régimes cherchant des alternatives économiques, aggravent la situation. Les aspirations à la souveraineté monétaire sont intrinsèquement liées à celles de la souveraineté nationale. C'est ce que le premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a expliqué lors d'une conférence conjointe avec Jean-Luc Mélenchon à Dakar, il y a quelques jours. Fin 2019, Emmanuel Macron s'était engagé avec le président de Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara, à enclencher une réforme du franc CFA. Bien que des modifications de gouvernance aient suivi ces déclarations, elles ne remettent pas fondamentalement en cause cette monnaie.
Par ailleurs, le basculement vers une nouvelle monnaie, l'eco, tarde à se concrétiser. L'arrimage à l'euro, une monnaie forte, a eu pour conséquence de renchérir les importations à l'ère de l'inflation post-Covid. De plus, la dévaluation de l'euro par rapport au dollar américain a entraîné une explosion de l'endettement des États de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), ces dettes étant contractées en dollars.
En 2024, il est impératif de sortir du système du franc CFA, qui représente une domination économique et politique exercée par la France et l'Union européenne sans avoir prouvé son efficacité en termes de développement pour les peuples.
Mme Lafitteau, vous avez développé trois scénarios de sortie du franc CFA. Pouvez-vous nous les expliquer ? Pour vous, l'action des BRICS, qui laisse entendre une volonté de dédollarisation des économies, est-elle pertinente dans ce contexte ?