Ce site présente les travaux des députés de la précédente législature.
NosDéputés.fr reviendra d'ici quelques mois avec une nouvelle version pour les députés élus en 2024.

Intervention de Bruno Cabrillac

Réunion du samedi 28 octobre 2023 à 9h05
Commission des affaires étrangères

Bruno Cabrillac, directeur de la Fondation pour les études et la recherche internationale (FERDI), ancien directeur général-adjoint en charge des études, des recherches, des statistiques et de l'international à la Banque de France :

Je souhaite profiter de cette question pour clarifier deux points que j'ai déjà abordés, tout en complétant les propos de Monsieur Ze Belinga. La stabilité monétaire et la faible inflation, bien que souvent considérées comme des conditions nécessaires au développement, ne sont pas suffisantes en elles-mêmes. De nombreuses études le démontrent. Cependant, elles restent indispensables. Prenons l'exemple de l'Argentine, autrefois l'un des pays les plus riches du monde avant et pendant la seconde guerre mondiale. L'Argentine a choisi de maintenir un taux de change fixe, servant d'ancre interne pour les prix. Ce choix, bien que contestable, ne peut être totalement rejeté, car plus des deux-tiers des pays en développement l'adoptent. Si ce choix était si mauvais, cela se saurait.

Ce point est lié à une autre question que j'avais soulevée, à savoir le lien entre les unions monétaires et la tendance panafricaniste. Cette tendance a toujours existé en Afrique et se renforce parmi les populations. Pour constituer une union monétaire, des institutions solides et une règle sont nécessaires, comme l'a souligné Mme Laffiteau. Dans les unions monétaires, que ce soit en Afrique de l'Ouest ou en Afrique centrale, la règle de la fixité du taux de change prévaut, accompagnée d'une solidarité très forte. Chacun partage ses réserves mais il n'existe pas de politique de change, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de politique d'intervention. On attribue les devises à un taux de change fixe. Si ce taux de change fixe devenait flexible, que signifierait le partage des réserves ? Cela impliquerait de confier à une institution communautaire le pouvoir d'intervenir et d'utiliser ces réserves. Or, le niveau du taux de change peut convenir à un pays mais être défavorable à un autre. Cela dépend des structures des exportations et des structures économiques de ces pays. Si nous utilisons les réserves pour défendre un niveau de taux de change qui n'est pas favorable à un pays au sein de la zone, il n'y a plus de devises. Et en l'absence de devises, surtout si nous renonçons à la garantie française, nous nous retrouvons en cessation de paiement au niveau de l'ensemble de la zone.

Ce niveau de solidarité, très fort par la mutualisation des réserves, que nous n'avons même pas encore aujourd'hui en zone euro, est-il possible sans une règle claire de change ? À ce stade, je ne le crois pas. Ainsi, les deux options, à savoir un taux de change fixe et des unions monétaires, sont, de mon point de vue, extrêmement liées.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.