Intervention de Paul-André Colombani

Réunion du mercredi 5 juin 2024 à 15h00
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPaul-André Colombani, rapporteur :

Je me réjouis que la création d'un CHU en Corse réunisse une quasi-unanimité.

Monsieur Frei, je ne suis pas d'accord avec vous sur le caractère d'appel de cette proposition de loi. Les premières ordonnances créant les CHU datent de 1948. Et si je dépose une proposition de loi aujourd'hui, c'est parce que malgré tous nos appels, il ne s'est rien passé en Corse depuis lors. Il nous faut une réponse adaptée au territoire corse, empreinte de pragmatisme. Je l'ai dit, on sent, depuis le début du quinquennat, que ce gouvernement a la volonté d'aller de l'avant. Mais il arrive que les majorités changent, et la volonté politique se dilue, les engagements passés s'oublient et on n'avance plus.

Deux points sont très importants. Le premier est l'arrivée du premier cycle complet des études de médecine à Corte, grâce à Mme Retailleau. Cela va faire avancer les choses et permettre le retour en Corse des jeunes étudiants qui sont actuellement éparpillés entre Aix-Marseille, Paris et Nice. Le second point est la création de filières universitaires. Ce sont des dispositifs très compliqués à mettre en place. Il faut parfois déroger au droit commun, et cela demande aux professeurs des universités-praticiens hospitaliers qui veulent s'y investir de sacrifier une partie de leur carrière.

J'aurais aimé ne pas avoir besoin de déposer cette proposition de loi. Mais elle est nécessaire, avec une perspective ambitieuse, mais pas à vingt ans, parce qu'il y a déjà un terreau. Un gros travail a été fait par la région. L'objet de ma proposition de loi n'est pas de parler de la déclinaison territoriale – je ne veux pas préempter le travail en cours. Il y a un terreau, un vivier universitaire, de nombreuses ressources, une diaspora médicale de spécialistes corses sur laquelle on peut s'appuyer pour l'enseignement, pour compléter l'offre de soins. Je suis assez confiant de ce côté.

J'ai entendu une expression qui m'a fait mal, parce que je suis médecin : « Le meilleur médecin en Corse, c'est l'avion. » On l'entend tous les jours, malheureusement. Une amie m'a appelé il y a quelques jours parce qu'elle n'arrivait pas à avoir de rendez-vous pour sa mère qui avait un diagnostic délicat. Elle avait pris l'avion et était aux urgences de Marseille. C'est le quotidien des Corses. Sa mère attend dans un Airbnb à Marseille un rendez-vous qu'elle aura dans quelques jours et qu'elle n'aurait eu que dans deux ou trois semaines en Corse.

Nous allons revenir sur la notion de spécificité, qui est très importante, pas seulement dans ce débat. Comprendre les spécificités corses, aussi bien démographiques, géographiques, sociétales que sociales permettrait de débloquer nombre de situations, en matière d'agriculture et de déchets, entre autres.

La formation est un élément essentiel. Notre université est en ordre de bataille. De mémoire, quatorze promotions de première année y sont passées. On sait que 70 % des médecins généralistes reviennent. En revanche, nous ne sommes pas attractifs pour les spécialistes. L'attractivité est l'une des raisons pour lesquelles les territoires se battent pour avoir un CHU. Vous connaissez cela, monsieur Di Filippo, avec le CHR Metz-Thionville et la concurrence du Luxembourg.

Le financement est un problème global dans tous les établissements français et n'est pas spécifique aux CHU.

Monsieur Bentz, à titre personnel, l'échelon départemental ne me semble pas le meilleur. Diminuer le seuil de population complexifie.

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