Monsieur le ministre de l'éducation nationale, votre projet de réforme suscite inquiétude et colère au sein de l'enseignement professionnel. Se trouvent principalement en cause l'augmentation de plus de 50 % de la durée des stages en entreprise, dont on sait à quel point ils sont difficiles à trouver ; la diminution mécanique des heures consacrées à l'enseignement général, d'où des interrogations au sujet de l'avenir des enseignants ; enfin le calibrage de l'offre d'enseignement selon les besoins locaux en matière de recrutement.
Si les difficultés que rencontre la voie professionnelle rendent une réforme nécessaire, vos propositions n'en contiennent pas moins tous les ferments susceptibles d'entraîner une inégalité de traitement au détriment de certains territoires, ainsi que d'élèves issus très majoritairement des classes populaires. En plaçant l'enseignement professionnel sous la double égide des ministères de l'éducation nationale et du travail, vous imprimez à la formation de ces enfants une logique d'orientation au profit de l'environnement économique local. De plus, pour le public des lycées professionnels, la marge de progression de l'apprentissage reste limitée : ces élèves, dont 70 % ont 15 ans ou moins en classe de seconde, sont trop jeunes pour intéresser les entreprises.
Une autre voie de réforme est possible : elle nécessiterait au contraire de restituer à la voie professionnelle les heures d'enseignement qui lui ont été retirées au fil des années ; on sait en effet qu'elles permettent un taux de décrochage moins élevé, une meilleure réussite aux examens de la formation initiale, et que les élèves concernés sont plus nombreux à poursuivre ensuite leurs études.
Monsieur le ministre, il fut un siècle où l'on considérait que l'émancipation des enfants de 15 ans ne passait pas par le travail, mais par l'éducation et l'apprentissage des savoirs. Une bonne réforme ne s'impose pas, elle convainc. Allez-vous revoir une copie déjà si mal engagée ?
Le 24/10/2022 à 15:23, Aristide a dit :
"Monsieur le ministre, il fut un siècle où l'on considérait que l'émancipation des enfants de 15 ans ne passait pas par le travail, mais par l'éducation et l'apprentissage des savoirs."
Maintenant il passe par le fait d'ôter son voile...
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