Je n'ai rien à justifier. Notre pays passe son temps à critiquer la centralisation et à se plaindre que les décisions soient prises à Paris par d'affreux technocrates qui n'y connaissent rien. Mais lorsque nous décidons une déconcentration ou une décentralisation, d'abord on découvre que la technocratie existe également dans les échelons infranationaux et ensuite on s'émeut de ce que la région Auvergne-Rhône-Alpes ne mène pas la même politique que la Nouvelle-Aquitaine, qui ne fait pas comme en Occitanie. Ce sont les joies de la décentralisation ! Vous ne me ferez pas dire que je suis favorable à une reconcentration, mais il est vrai que les aides destinées aux jeunes agriculteurs ne sont pas les mêmes partout.
Je vous le dis très tranquillement : je veux bien rouvrir cette boîte, mais on ne peut pas se plaindre d'un côté que c'est trop centralisé et de l'autre que les régions ne font pas toutes la même chose. C'est la nature même de la décentralisation – mais vous n'avez pas tort : il est déjà difficile de mener une politique agricole commune au niveau européen, avec des distorsions entre pays, mais si en plus chaque région a son propre registre, cela devient compliqué.
Il faut également faire attention à ne pas créer trop de différentiations. Dans le cadre de la PAC par exemple, il y a encore 100 MAEC et il arrive que l'on développe des systèmes informatiques pour quinze ou vingt bénéficiaires. Je suis assez favorable à l'adaptation aux réalités territoriales, mais il faut prendre garde à ne pas créer des usines à gaz. Comme je le disais à M. Mournet tout à l'heure, il faut parfois assumer de faire passer tout le monde sous la même toise et trouver un équilibre avec l'adaptation aux différentes situations.