Pourquoi faut-il se préoccuper de l' influenza aviaire ? Parce qu'il s'agit d'un problème sérieux, qui ne concerne pas que l'élevage aviaire : la grippe aviaire est en train de passer des volailles aux mammifères bovins et risque de se propager encore. Cette question entre donc désormais dans le concept « une seule santé » que développent les organisations internationales compétentes. Je crois que nous savons désormais ce que peut être une grande pandémie.
Pourquoi ce virus passe-t-il d'une espèce à l'autre ? Parce qu'il circule beaucoup. Nous avons donc intérêt à réduire le nombre de cas. Je sais que les mesures parfois très coercitives que nous prenons, comme le confinement, voire l'abattage entier, font débat. Nous les prenons parce que c'est une nécessité de santé animale et humaine.
Nous sommes les premiers dans le monde à avoir lancé une campagne de vaccination. Mes homologues canadiens, américains et, sauf erreur de ma part, japonais, que j'ai encore rencontrés dimanche lors d'une réunion de l'Organisation mondiale de la santé animale, ont manifesté leur intérêt et vont venir voir comment nous l'avons organisée. Au total, 32 millions de canards ont reçu une première dose en prévision de la prochaine saison de grippe. Au cours de la dernière, qui s'est étendue de septembre 2022 à mai 2023, seuls dix cas ont été détectés, contre plusieurs centaines au cours de l'hiver de 2022 et 2023 et plusieurs milliers l'année précédente.
Certes, tous les progrès ne sont pas liés à la vaccination. La protection des élevages et la biosurveillance sont également utiles. Mais la campagne sera prolongée. L'État a pris en charge la première à hauteur de 80 %, ce qui représente tout de même 80 millions d'euros en 2024 après un peu plus de 15 millions d'euros en 2023. Nous discutons actuellement avec les professionnels d'une répartition financière plus équilibrée.
S'agissant maintenant des abattoirs, 180 ont été aidés dans le cadre du plan de relance, pour un montant de 115 millions d'euros. Pour des raisons de volumes, d'équilibre économique ou encore de gestion, certains d'entre eux continuent de rencontrer de sérieux problèmes. Nous évaluons actuellement l'adéquation entre l'offre et les besoins dans les différents territoires et nous développons une méthodologie afin d'identifier les forces et les faiblesses des abattoirs, afin d'envisager une réorganisation. De plus, nous réfléchissons aux meilleures manières d'accompagner économiquement cette activité. Ce diagnostic sera achevé à la fin du mois de juin. Nous avons besoin des abattoirs qui, pour diverses raisons, sont profondément fragilisés.