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Intervention de Fabien Di Filippo

Réunion du mardi 28 mai 2024 à 21h30
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFabien Di Filippo :

Pour les opérations d'envergure, les participations financières de l'État nécessitent encore des perfusions importantes du budget de l'État. Surtout – et cela peut nous préoccuper –, ce compte d'affectation spéciale s'éloigne de sa raison d'être initiale, qui le destinait aux interventions de l'État actionnaire. Il apparaît de moins en moins comme l'outil d'une stratégie économique de long terme et de plus en plus comme un instrument budgétaire court-termiste qui finance souvent des opérations de communication politique. À propos d'EDF, par exemple, nous avons assisté à un revirement à 180 degrés de la stratégie énergétique, ce qui n'est pas sans poser des questions. Alors que l'État contrôlait déjà cette entreprise, des moyens considérables y ont été affectés, ce qui a provoqué la sortie de la cotation et une augmentation importante du coût de rachat.

Quant à la dette, votre ministère, que certains de nos concitoyens auraient pu considérer comme un obscur ministère comptable, est en fait celui qui gère la charge des intérêts de la dette, c'est-à-dire le deuxième budget de l'État – presque déjà le premier, pour suivre le raisonnement de M. Tanguy. Les charges d'intérêts de la dette ont été supérieures aux prévisions, ce qui est une source d'inquiétude, car elles semblent aujourd'hui exponentielles et hors de contrôle, tandis que l'exposition aux risques augmente dans un contexte d'intérêts quasiment supérieurs à 3 %.

Faut-il considérer que ce mécanisme est vertueux au motif que la demande est importante et que la dette est très liquide ? L'effet boule de neige finira tout de même par nous rattraper un jour. Le keynésianisme aussi a ses limites.

Par ailleurs, combien faudra-t-il prévoir en plus dans l'année qui vient si les prévisions de croissance que vous venez de nous présenter – encore un peu optimistes par rapport au consensus des économistes – se révélaient être surestimées et que la croissance n'était pas de 1 %, mais plutôt de 0,8 % ? Il faudrait en effet emprunter davantage, et donc assumer une charge de la dette plus importante.

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