On sait depuis 2008 qu'il n'est pas bon de souscrire de la dette indexée sur l'inflation – même des gens qui travaillent à la Banque de France le confirment et le fait que notre voisin allemand fasse le choix inverse devrait nous alerter.
Deuxièmement, si le niveau de la dette est élevé, il n'est pas pour autant démesuré. Je remarque d'ailleurs que, pour la première fois, vous utilisez le ratio de la dette sur le PIB pour expliquer que le niveau de cette dette n'est pas si inquiétant. Lors de la dernière levée de bons, la demande était deux fois plus élevée que l'offre, ce qui montre bien que nous n'avons pas de problème pour financer notre dette.
Quant à la diversification, il ne faut pas tenir deux discours en même temps. On entend souvent déplorer que notre dette n'est détenue qu'à moitié par des créanciers français, ce qui nous rendrait vulnérables à l'international, à la différence de la dette japonaise, bien plus élevée, mais détenue uniquement par des Japonais. En réalité, on dit peu que les trois quarts de nos créanciers sont français ou européens. Nous n'avons certes pas le droit de connaître l'identité de nos créanciers, mais je souhaiterais comprendre l'intérêt d'une diversification de la dette et savoir auprès de qui il conviendrait de la souscrire ? De quels investisseurs parlons-nous ? Des Chinois ? Des Américains ? Quelle vulnérabilité géopolitique impliquerait le fait de souscrire de la dette auprès d'autres acteurs que des Français ou de riches créanciers européens – car l'affaire pourrait se régler en famille ? Il y a là un double discours. Pour préserver les intérêts de la France et éviter de nous mettre en difficulté auprès de créanciers étrangers, il pourrait être plus facile d'avoir affaire à des créanciers français et européens car, comme vous l'avez dit, nous aurons du mal à rembourser cette dette.
C'est d'autant plus vrai que vous ne faites pas grand-chose pour la rembourser. Quand on est endetté à un niveau aussi inquiétant que vous le dites, la première chose à faire n'est pas de réduire les revenus de l'État. Or la première dépense de celui-ci correspond encore aux niches fiscales et sociales, dont le gouverneur de la Banque de France lui-même a dénoncé le niveau trop élevé – et pour un résultat assez moyen, puisque 25 000 emplois sont actuellement menacés par des plans sociaux dans l'industrie.
Enfin, vous n'avez pas utilisé l'inflation, alors que le seul avantage de cette crise inflationniste était de rembourser plus vite la dette, ce que vous auriez pu faire si vous aviez taxé les superprofits et n'aviez pas fait peser l'inflation sur les salariés. Vous avez fait l'inverse : la consommation a reculé, les baisses de TVA ont été réduites et on n'a pas utilisé l'impôt sur le CAC40 pour rembourser plus rapidement notre dette.