Intervention de Daniel Guillerm

Réunion du mercredi 22 mai 2024 à 17h15
Commission d'enquête sur les difficultés d'accès aux soins à l'hôpital public

Daniel Guillerm, président de la Fédération nationale des infirmiers (FNI) :

Au-delà de la frustration liée au sentiment de promesses non tenues, la crise sanitaire a vraisemblablement accru le taux de départ dans les services hospitaliers. Des infirmières se sont installées en ville, sur une activité centrée sur les tests antigéniques et la vaccination. Cette activité a bien fonctionné pendant deux ans, mais elle a considérablement diminué depuis et ces professionnelles peinent désormais à faire face à leurs charges. Il s'agit, selon moi, d'un effet secondaire des mesures dérogatoires mises en place durant la crise sanitaire, dont nous subissons les conséquences actuellement. C'est d'ailleurs ce qui alimente les revendications relayées sur les réseaux sociaux, selon lesquelles il n'y aurait plus de travail et la profession serait en danger.

Je ne pense pas que la profession infirmière disparaîtra ni que notre système de santé pourrait se passer des infirmières. Par contre, il faudra que la profession évolue. La dynamique est engagée, mais elle doit se poursuivre et cela implique de surmonter certaines barrières liées aux positions crispées d'un corps médical qui craint de perdre ses prérogatives.

Pendant des décennies, nous avons assisté à une « confiscation sémantique » : par exemple, le terme de « consultation » ne pouvait être prononcé devant un médecin ; les mentalités évoluent néanmoins et nous disposerons peut-être, demain, de prérogatives ouvrant de nouveaux champs d'activité.

Je souhaite enfin aborder la manière dont nous négocions actuellement.

Avec l'Ondam mis en place depuis 1996, les infirmiers sont enferrés dans un deal « prix-volume » : nous ne pouvons pas être augmentés significativement en raison d'une enveloppe restreinte et d'actes en croissance rapide. Ainsi, même une augmentation limitée de l'AMI aurait des conséquences significatives sur les dépenses.

La FNI demande donc la sortie de cette logique prix-volume et la sanctuarisation dans l'Ondam d'une somme spécifique permettant de dépasser le blocage que nous connaissons depuis 2009.

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