Intervention de Daniel Guillerm

Réunion du mercredi 22 mai 2024 à 17h15
Commission d'enquête sur les difficultés d'accès aux soins à l'hôpital public

Daniel Guillerm, président de la Fédération nationale des infirmiers (FNI) :

Nous sommes dans un système contraint, qui fixe chaque année un objectif national des dépenses d'assurance maladie (Ondam). Dans ce cadre, des choix s'imposent.

De notre point de vue, la distribution des ressources n'est pas équitable. Ainsi, dans les deux négociations en cours actuellement, l'assurance maladie formule des propositions à hauteur de deux milliards d'euros pour les médecins contre 179 M€ pour les pharmaciens.

Je rappelle que, dans un système de santé comprenant divers rouages, si l'un d'eux se grippe, c'est l'ensemble du système qui en pâtit. Une mise en relief de ce besoin d'équité permettrait d'améliorer et de fluidifier l'organisation du système.

Nous sommes dans un système médico-centré, où il est acquis que « si les médecins vont bien, tout le système va bien ». Ce système souffre également de « structuro-centrisme », c'est-à-dire la conviction que ce sont les structures qui prennent en charge les patients : or plus de 75 % des personnes âgées de plus de 75 ans en perte d'autonomie à domicile sont prises en charge par le secteur libéral ; les services de soins infirmiers à domicile (Ssiad), les services polyvalents d'aide et de soins à domicile (Spasad) et l'hospitalisation à domicile (HAD) ne représentent, au mieux, que 25 % des prises en charge.

Nous avons l'impression que les pouvoirs publics considèrent le secteur libéral comme un secteur « balkanisé » et qu'il est plus facile, voire plus adéquat, de s'adresser à des organisations structurées.

J'observe que la profession infirmière est à 82 % féminine et qu'elle assure une contrainte autrement plus lourde que la « permanence des soins » ambulatoires. Elle assure la « continuité des soins » du lundi au dimanche, jours fériés inclus et la nuit si nécessaire.

Cette contrainte est lourde mais, malgré cela, la profession connaît une croissance démographique d'environ +4,5 % depuis plus de dix ans. Je vous exhorte donc à vous appuyer sur cette profession pour soulager l'hôpital public, notamment pour ce qui a trait au retour d'hospitalisation et à l'organisation de ces retours. Nous disposons de vecteurs, telles les communautés professionnelles territoriales de santé, qui nous le permettent.

Si nous obtenons ce qui nous est promis, à savoir des consultations infirmières périmétrées, nous pourrons, par exemple, mieux gérer des situations comme celles d'épisodes caniculaires de plus en plus fréquents. Bien souvent, en secteur rural, lorsqu'une personne âgée est déshydratée à son domicile, l'hospitalisation est la seule option. Cette personne risque alors de passer des heures sur un brancard, aux urgences, et de revenir avec des escarres. Aujourd'hui, si nous avions un accès direct et protocolisé à la réhydratation des personnes âgées, nous pourrions éviter une forme de maltraitance.

Je partage, par ailleurs, les propos sur les craintes que la consultation infirmière suscite chez les médecins et je répète que nous n'avons pas vocation à nous substituer aux médecins. La FNI ne demande pas une consultation généraliste, mais des consultations périmétrées : nous demandons par exemple, dans le cadre de la vaccination, la création d'une consultation infirmière prévaccinale. Cela contribuera à fluidifier les prises en charge et à améliorer l'accès des patients au système de santé.

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