Intervention de John Pinte

Réunion du mercredi 22 mai 2024 à 17h15
Commission d'enquête sur les difficultés d'accès aux soins à l'hôpital public

John Pinte, président du Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil) :

Les relations entre la ville et l'hôpital demeurent très compliquées en raison des difficultés liées aux communautés professionnelles territoriales de santé. Même si la situation s'améliore progressivement, il faut que les hospitaliers connaissent mieux le secteur de la ville et que les professionnels libéraux connaissent mieux le milieu hospitalier.

Des initiatives comme la « mission Braun » ont permis de faciliter le lien. Dans ce cadre, des infirmiers libéraux ont pu, sur appel du Samu, aller « lever le doute » chez un patient. Cette initiative a contribué à améliorer les relations entre l'hôpital et la ville, en permettant à chacun de découvrir les pratiques de l'autre et de renforcer la coordination.

Si la coordination s'améliore, nous manquons malheureusement d'outils interopérables : par conséquent, la communication entre la ville et l'hôpital reste difficile. Il est donc crucial de travailler à l'amélioration de ces outils de coordination.

Concernant les décrets en attente et ceux déjà publiés, je rejoins entièrement les propos de monsieur Guillerm sur l'infirmier référent : c'est une mesure que nous attendons avec impatience. Il faudra néanmoins que ses missions soient clairement définies pour que cette initiative se révèle fructueuse. Je pense que c'est un moyen d'améliorer encore la prise en charge des patients, notamment en ce qui concerne le renouvellement des soins. Ce renouvellement par l'infirmier référent nous semble important, même s'il ne figure pas actuellement dans ses missions. Il arrive trop souvent que des prescriptions de soins infirmiers expirent et ne peuvent être renouvelées lorsque le médecin est en congés (ou a quitté son poste) ; nous espérons donc que l'infirmier référent pourra renouveler ces soins afin d'assurer leur continuité.

Nous attendons toujours les décrets d'application de la loi Rist sur la prise en charge des plaies et espérons que la loi sur la réforme du métier infirmier sera publiée en intégrant ces réformes, car la prise en charge des plaies par les infirmiers telle que prévue par la loi Rist, leur confère presque une autonomie. C'est urgent, car, sur le terrain, il y a de moins en moins de prescripteurs et de plus en plus de patients sans prescription.

Par ailleurs, si les textes sur l'autonomie des infirmiers en pratique avancée (IPA) ont enfin été publiés, nous constatons régulièrement des difficultés : ainsi, certaines caisses d'assurance maladie ne reconnaissent pas l'accès direct et ne remboursent pas les soins, car elles estiment qu'il n'y a pas eu de prescription. Ces freins administratifs sont regrettables.

Concernant la loi sur le métier infirmier, nous souhaitons une plus grande autonomie et la reconnaissance de nos compétences.

L'autonomie, c'est principalement l'accès direct pour la prise en charge des patients dépendants et des plaies, qui relèvent du rôle propre de l'infirmier. L'absence d'un tel accès direct constitue une difficulté majeure dans la prise en charge de ces patients et traduit un manque de reconnaissance – et une certaine défiance – vis-à-vis de notre profession.

Nous souhaitons que nos compétences soient reconnues et que ce qui relève du rôle propre ne dépende pas systématiquement d'une prescription médicale pour ouvrir droit à remboursement. Cela nous semble d'autant plus justifié que des mesures ont déjà été mises en place pour permettre une coordination avec les médecins et les autres professionnels de santé : l'infirmier n'agit pas en électron libre dans ces prises en charge…

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