Une tension existe entre l'exercice d'un mandat national et le besoin de travailler sa circonscription pour ne pas donner l'impression de trahir ses électeurs. Comme cela a été indiqué, si la perception du cumul des mandats a changé, sa réalité n'a pas tant évolué. Plusieurs élus en sont à leur cinquième ou sixième mandat local. Ils disposent sans doute d'une expérience considérable, mais il ne sera jamais possible de savoir ce que d'autres auraient fait à leur place ; auraient-ils fait mieux, ou moins bien, nous ne le saurons jamais Ces cumuls interrogent quant à la possibilité d'exercer efficacement chacun d'entre eux au regard du temps qui peut leur être consacré.
S'opposer au cumul des mandats ne me paraît revenir à s'opposer aux élus, mais plutôt à une forme de confiscation ou de professionnalisation du pouvoir. De multiples mandats existent. On peut exercer plusieurs mandats en tant que maire, puis en tant que parlementaire – ou inversement ; les opportunités politiques sont telles que les élus qui quittent ou perdent un mandat ne se retirent pas pour autant définitivement de la vie politique.
S'agissant de l'idée d'une déconnexion des élus, le préfixe « dé- » est peut-être de trop : certains élus n'ont peut-être jamais été connectés, n'ayant jamais eu envie de l'être. En effet cette connexion n'est pas si difficile à établir ; elle demande seulement un peu de courage.
Il convient aussi de savoir de quelle proximité on parle. S'agit-il d'une proximité au territoire, qui nécessiterait d'y assurer une présence géographique régulière sur l'ensemble de celui-ci ? S'agit-il d'une proximité directe avec les citoyens, ou d'une proximité avec les élus, de confort, relevant d'une forme d'entre-soi, dans des conditions favorables et qui dispenserait par exemple d'assurer le « service après-vente » de la réforme des retraites ?