Je suis, à titre personnel, opposé à l'idée de reconnaître un droit à l'aide à mourir : c'est une liberté, éventuellement un choix, une possibilité, ou une faculté, mais je ne pense pas qu'il soit souhaitable de l'inscrire comme un droit. En outre, Mme la rapporteure l'a dit et nous en avons déjà délibéré, nous ne voulons pas en faire un droit opposable.
Je voudrais vous faire part de mon expérience. Il y a dans mon territoire un institut de lutte contre le cancer, où j'ai été amené à procéder, en tant que maire, à des mariages ante mortem, c'est-à-dire juste avant la mort. J'arrivais alors dans une chambre, face à une personne exsangue, au bout de sa vie, percluse de douleur, afin d'acter un mariage décidé préalablement. Il est vrai que, en des circonstances comme celles-ci, il est légitime de se demander si le législateur qui examine un tel projet de loi ne devrait pas laisser le choix aux personnes qui sont dans une telle situation d'être accompagnées pour cheminer vers leur mort. Cela correspond à 99 % des cas où j'ai été amené à célébrer des mariages ante mortem. Mais il m'est aussi arrivé de célébrer un mariage ante mortem entre deux personnes dont l'une était, pour le corps scientifique, sur le point de mourir. Toutefois, un an après, j'ai reçu une carte de ce couple qui fêtait ses noces de coton. Devons-nous légiférer pour cette personne ?