…l'honneur de la civilisation exigeait de ne jamais laisser personne agoniser. Sur le champ de bataille, l'honneur d'un soldat lui dicte de ne jamais laisser agoniser un compagnon qui s'apprête visiblement à mourir. L'honneur d'une civilisation consiste certes à préserver la vie – je pense que personne ici ne néglige le caractère précieux, pour ne pas dire sacré, de la vie. Mais lorsqu'il s'agit d'agonie, peut-on encore parler de vie ? Grâce aux progrès de la médecine, l'agonie d'aujourd'hui n'est plus celle du Moyen Âge ; l'agonisant du Moyen Âge, ou celui du champ de bataille, éloigné de tout secours médical, n'est pas comparable à celui qui fait l'objet d'une sédation profonde. Pourtant, il est toujours question d'agonie. C'est ce moment que nous devons encadrer avec une extrême minutie : il faut se limiter à l'agonie, à ces instants qui ne sont plus la vie.