En réalité, si l'objectif affiché par le titre Ier , à savoir la garantie des soins palliatifs, n'est pas atteint, il existe un risque éthique que des personnes isolées soient privées de soins et n'aient pour seul choix que de demander l'accès aux produits létaux pour provoquer leur mort. N'est-ce pas, finalement, une fausse liberté ?
Une telle évolution enverrait aux personnes malades, fragiles ou handicapées le message selon lequel certaines vies ne mériteraient plus d'être vécues. Certains membres du CCNE ont même posé comme préalable éthique à la légalisation du suicide assisté la garantie effective d'accès aux soins palliatifs, sans cela, en effet, le risque est grand que des personnes, particulièrement les plus pauvres, se tournent vers le suicide assisté faute d'avoir pu bénéficier d'un accompagnement de qualité.
Madame la ministre, vous essayez de nous rassurer en nous disant que le suicide assisté ne concernera que les patients qui souffrent mais l'article 6, celui-là même dont vous vous êtes servie pour essayer de nous convaincre, a été modifié en commission : le fait que le pronostic vital soit engagé n'est plus l'une des conditions d'accès à l'aide à mourir. Si les personnes qui souffrent n'ont pas accès aux soins susceptibles de les soulager, elles pourraient être tentées de demander le suicide assisté ! C'est un risque qu'il faut regarder en face car cela engage la responsabilité de notre société.