Vous affirmez également vouloir n'exclure personne. Si tel est le cas, pourquoi conserver les cinq conditions d'accès à ce nouveau droit à mourir que vous entendez créer ?
Cependant, je vous retrouve sur un point : il faut faire preuve d'humilité. Dès lors, lancer le concours de qui sera le plus fraternel de l'hémicycle n'a aucun sens, et il convient de prendre en compte le caractère insidieux de cette loi qui, lorsque son application se généralisera, laissera une pensée s'insinuer dans l'esprit des personnes les plus fragiles – que nous sommes tous susceptibles de devenir –, en premier lieu des personnes âgées : « Je ne sers plus à rien, pourquoi continuerai-je à vivre ? Je ne veux surtout pas devenir un fardeau pour mes proches. » L'extrême fragilité des personnes en fin de vie les expose tout particulièrement à ce sentiment d'inutilité et les rend vulnérable au regard d'autrui. On l'a plusieurs fois rappelé : 46 % des patients qui ont recours au suicide assisté dans l'État de l'Oregon le font par peur de devenir un fardeau pour leur entourage. Et de cette philosophie, habillée d'une prétendue liberté…