Après trois ans de lectures, de rencontres, de réflexions, remettant en question mes convictions les plus intimes, je le dis avec émotion : j'y suis désormais prêt ! Mettre fin à des situations humainement inacceptables, même si elles sont très peu nombreuses : telle est la seule motivation qui me conduit à reconnaître la légitimité de cette transgression.
Mais notre travail ne peut s'arrêter là : le même souci d'humanité doit nous guider, autant qu'une indispensable prudence, dans l'instauration de l'aide à mourir. À cette fin, la rédaction future des cinq critères prévus aux articles 5 et, surtout, 6, devrait viser deux objectifs essentiels.
D'abord, ce texte doit être applicable. Il faut réintroduire la notion de pronostic vital engagé, sans la référence au moyen terme, qui a été unanimement récusée. Ensuite, il doit être juste, en traitant équitablement toutes les affections graves et incurables causant des souffrances réfractaires. Qu'est-ce qui justifierait qu'une personne répondant à ces critères ait droit à l'aide à mourir un mois avant de perdre son discernement, tandis qu'elle en serait privée un mois après ?
Madame la ministre, je vous remercie pour l'inlassable écoute dont vous avez fait preuve au cours de nos débats. Je respecte votre souci que rien ne remette en cause les équilibres de ce texte. Mais refuser tous les amendements importants aux articles 5 et, surtout, 6 stériliserait de facto notre travail parlementaire. Je suis certain que telle n'est pas votre intention, conformément au souhait exprimé par le Président de la République à maintes reprises – il l'a fait pour la dernière fois devant les membres de la Convention citoyenne sur la fin de vie, quand il évoquait les directives anticipées.
Des accords sont souhaitables. Démontrons ensemble, mes chers collègues, qu'ils sont possibles !