L'article 5 constitue le point de bascule, celui qui nous fait passer d'une société qui a érigé en valeur fondamentale le principe millénaire « Tu ne tueras point » à une société où donner la mort serait vu comme un progrès.
Il définit en effet l'euthanasie et le suicide assisté mais sans les nommer. Cette rupture anthropologique et déontologique sera légitimée par la loi. Cet article bouleverse radicalement le rôle de la médecine et des soignants.
Une nouvelle exception à nos principes pourrait donc être votée aujourd'hui. Elle plonge ses racines dans un sentiment infiniment légitime et compréhensible, que nul ne peut juger et qui est au cœur de nos débats voire les dirige : la peur de la douleur. Il faut cependant aussi considérer la façon dont on accueille cette peur. En la matière, les soins palliatifs apportent une réponse. Ils trouvent leur origine dans l'idée que toutes les vies sont dignes, que notre honneur – à nous, bien portants – est de tout faire, j'insiste sur ce point, pour que ce soit la souffrance, et non la personne qui souffre, qui soit supprimée.
Vouloir le contraire pour nos malades et notre société, c'est manquer de courage, d'ambition mais aussi de cœur. C'est pourtant dans cette direction que nous entraîne l'article 5, qui fait du suicide assisté et de l'euthanasie des réponses acceptables, endossables par une société qui se refuse à sortir les grands moyens pour ériger les soins palliatifs en grande cause nationale, non pas dans les mots mais dans les actes. Car, définitivement, la main qui soigne ne peut être celle qui donne la mort.