Les mots ont en effet un poids et l'expression « aide à mourir » mériterait d'être précisée. Je propose d'ajouter « suicide assisté » – je vais vous dire pourquoi.
Ce week-end, je suis allé rencontrer les membres du personnel de l'Ehpad Bellefontaine, à Péage-de-Roussillon, dans ma circonscription, pour savoir ce qu'ils pensaient de ce texte. Quand je leur ai demandé s'ils étaient favorables à l'aide à mourir, l'ensemble des personnes présentes – aides-soignantes, infirmières, médecins – ont répondu par l'affirmative. Je leur ai demandé à quoi exactement ils étaient favorables. Je leur ai expliqué que les personnels soignants qu'ils étaient pourraient être les personnes qui devraient aller chercher la substance létale préparée à la pharmacie à usage intérieur (PUI) – ils ne l'avaient pas compris. Je leur ai dit qu'ils pourraient et, si possible, devraient accompagner la procédure. Comment ?, m'ont-ils demandé. À « proximité » du patient, ai-je répondu – c'est un terme qui devrait d'ailleurs être précisé. Je leur ai aussi dit, parce que je crois que, quand on est parlementaire, on doit cette vérité aux personnes qui nous interrogent, que, par suite de la modification du texte par la commission spéciale, ils pourraient être le tiers qui administrerait la substance létale si le patient ne le pouvait ou ne le voulait pas. Puis je leur ai demandé s'ils étaient toujours favorables à l'aide à mourir. Ils ne l'étaient plus.
Il ne s'agit pas de polémiquer, mais nous avons intérêt à préciser les choses. Si vous demandez à des soignants s'ils sont favorables à l'aide à mourir, ils pensent à la souffrance et ils répondent qu'ils le sont ; mais si vous leur dites qu'ils vont participer à une forme de suicide assisté, ils ne le sont plus. Si nous voulons être entendus, il faut que nous soyons clairs.