Je crois, comme d'autres, que ce que vous décrivez par des périphrases porte un nom. En vous écoutant, j'ai parfois le sentiment que vous racontez des histoires, mais surtout à vous-mêmes : en édulcorant les choses, vous mettez en place un mécanisme de protection, ce que je peux comprendre – certains des partisans de ce projet l'assument peut-être davantage que d'autres.
Jacques Ricot énonce cinq principes fondateurs du consensus national autour des lois en vigueur : le refus de l'obstination déraisonnable, le soulagement de toutes les souffrances, l'accompagnement de la personne selon les exigences de la fraternité, la liberté du patient correctement comprise, et l'interdiction de donner la mort intentionnellement. Cela s'est traduit par la loi Claeys-Leonetti, qui institue un dispositif puissant, mais très mal connu et insuffisamment mis en œuvre. Lorsque la loi est appliquée, les demandes de mort disparaissent dans la quasi-totalité des cas – nous sommes toutes et tous, à un moment de notre existence, traversés de pulsions négatives. Selon Georges Canguilhem, dans tout appel du malade, il y a une détresse à secourir.