Pour poursuivre mon argumentation, permettez-moi de citer les propos tenus par le professeur Emmanuel Hirsch il y a quelques jours, dans une interview : « Ce projet de loi cultive la confusion et pervertit ce qu'est l'esprit du soin dès lors qu'il présente comme équivalentes l'aide à vivre et la pratique médico-légale du geste qui tue. Que l'on ait la loyauté d'être explicite, et que le Gouvernement assume pleinement ses responsabilités. Que nos parlementaires s'expriment en conscience sur un texte qui ne concède pas aux euphémismes et à la rhétorique des instances nationales d'éthique ! Ce dont il est question du point de vue de la vie démocratique, c'est de légiférer sur le droit à l'euthanasie et au suicide assisté. […] Nos devoirs d'humanité et de société nous enjoignent d'assumer nos responsabilités, certes délicates et complexes, à l'égard de la personne qui souffre ou va mourir en refusant d'abréger son existence au motif que nous ne saurions plus concevoir autrement notre fraternité à son égard. » C'est là un autre aspect très choquant de ce qui est proposé : la fraternité, ce n'est en aucun cas considérer que la désespérance peut être telle qu'elle justifierait l'administration de l'acte létal, mais bien penser à ce qui doit être vécu auparavant.