À propos de la SAFER, la question du GFAI (groupement foncier agricole d'investissement) suscitait des craintes de notre part à propos du projet de loi d'orientation. Le risque est celui de la financiarisation, avec des financements d'origine extérieure au monde agricole. Je pense en particulier aux industriels de l'agroalimentaire qui cherchent à racheter des terres agricoles. Pourquoi d'ailleurs recréer un dispositif alors que la SAFER existe ? Il y a effectivement des abus avec ces phénomènes de copinage mais ce ne sont pas des pratiques majoritaires. La véritable problématique est liée aux moyens : la SAFER a besoin de pouvoir stocker pendant cinq ou dix ans. La majorité des nouveaux exploitants ne sont pas issus du milieu agricole, ils ont donc besoin d'un certain temps pour se familiariser avec leur métier. J'ai souvent vu des nouveaux exploitants abandonner au bout de trois ou quatre ans lorsqu'ils découvraient la réalité du milieu : soixante heures de travail par semaine, pas de vacances, etc. Cela rejoint d'ailleurs notre revendication de prix rémunérateurs.
Pour en revenir à la SAFER, nous souhaitons qu'elle soit dotée d'un budget au moins dix fois plus important. Au cours des cinq premières années, le fermage serait gratuit et, à terme, les exploitants auraient le droit de racheter leurs terres.
Quelquefois aussi les jeunes se heurtent à l'absence de terres agricoles. Inversement, d'autres terres agricoles sont en friche, même si ce ne sont souvent pas les meilleurs terrains.