La spécialisation de l'agriculture conduit à un appauvrissement des terres agricoles. Ce constat pourrait être confirmé par des scientifiques. Au fur et à mesure que les terres se dégradent, une quantité croissante d'intrants est nécessaire pour maintenir la production agricole. Les limites du processus sont atteintes dans un certain nombre d'endroits. Cette forme de productivisme, de fuite en avant, fait que nous utilisons de plus en plus d'intrants et que nous finirons par rendre les sols stériles. Cela pose également des problèmes sanitaires. Nous devons infléchir ces orientations mais nous ne pourrons pas le faire d'un claquement de doigts. Comme les agriculteurs de ma génération, durant ma formation, j'ai dû me familiariser avec un certain nombre de molécules. En revanche, nous n'avons pas suffisamment étudié la vie de la plante et la vie du sol. Ces connaissances auraient pu nous permettre éventuellement de nous affranchir de ces molécules. Dans les années 1960, l'objectif était de produire vite et en grandes quantités. La mécanisation et le recours aux produits chimiques y ont contribué. Tous les agriculteurs ont été formés à ce modèle d'agriculture. Aujourd'hui, nous réalisons que nos connaissances sur le sol sont insuffisantes et que ceux qui détiennent ces connaissances sont insuffisamment nombreux pour diffuser leur savoir. Nous croyons donc beaucoup à l'apport de l'enseignement et de la recherche pour faire évoluer les pratiques agricoles.