Pour les fruits et légumes, nous dépendons en grande partie de l'Espagne. Or celle-ci peine à maintenir sa production agricole en raison des contraintes d'accès à l'eau. Il est possible que l'Espagne ne soit plus capable de produire, ou du moins en partie. Quelles seront les conséquences ? Lors de la crise du covid, les pouvoirs publics ont fait en sorte que la mécanique se poursuive mais nous sommes passés près d'une situation de rupture. Nous nous réunissions toutes les semaines pour éviter cela. Certes notre production de céréales et de vin – entre autres – est excédentaire mais c'est très loin d'être le cas pour de nombreux produits. Nous avons accordé des facilités à l'Ukraine pour l'importation de céréales mais nous ignorons comment la situation peut évoluer. Les volumes sont pour l'instant très faibles, de l'ordre de 1 % du marché, mais la machine peut rapidement s'emballer. L'équilibre actuel me semble extrêmement fragile. Quelles seront les conséquences du réchauffement climatique à travers le monde ? Je suis incapable de le prédire. Chaque pays doit faire en sorte de couvrir ses propres besoins. Je suis beaucoup moins optimiste qu'un certain nombre de personnalités. Nous sommes en train de perdre certaines positions. La filière de l'élevage est sujette à un danger important. Nous pouvons certes toujours nous fournir au Canada ou au Brésil mais je ne suis pas certain que cela corresponde à notre concept de souveraineté alimentaire.
Je ne pense donc pas que nous soyons à l'abri de pénuries alimentaires, a fortiori avec le changement climatique et les incertitudes politiques actuelles.