La réunion de lancement sur la décarbonation a eu lieu le 15 décembre à Bercy. La consultation remonte au mois de juin. À l'origine, il était question d'un comité stratégique de filière, puis on nous a suggéré d'organiser un comité de filière car nous étions trop petits. Il a fallu un certain temps pour que la procédure soit lancée.
L'estimation de 150 milliards d'euros est personnelle. Elle se fonde sur l'évaluation du parc motorisé en 2022, qui est de 160 milliards d'euros. J'ai considéré l'hypothèse que le nombre d'entreprises agricoles serait divisé par deux d'ici à 2050 mais que, par ailleurs, produire des machines électriques ou fonctionnant à l'hydrogène serait deux fois plus coûteux que pour les machines actuelles. L'un dans l'autre, je suis arrivé à un montant de 150 milliards d'euros. Attention cependant, cette estimation ne tient absolument pas compte de coûts périphériques tels que celui de la production d'hydrogène vert ou de la production d'électricité supplémentaire. Pour convertir l'ensemble du parc français, il faudrait que 20 % d'électricité supplémentaires soient disponibles la nuit. La consommation globale annuelle n'est pas considérable, aux alentours de 2,5 % de la consommation française, mais pour recharger 30 % des machines à un instant donné, il faut que la quantité d'électricité disponible augmente de 20 %. Il faudra donc éventuellement qu'Enedis réfléchisse à installer des câbles plus larges.
Il n'existe pas de critère particulier pour les PCAE ou alors les critères sont très légers et l'on peut effectivement s'interroger sur la finalité des aides.
Nous n'avons pas été consultés à propos des subventions. Trois plans de subvention sont en cours de montage et nous n'y sommes pas associés. Pour être tout à fait complet, j'ai bien été consulté, mais lorsque l'on vous demande votre avis d'expert dans un délai de quarante-huit heures pour une liste de cent cinquante machines, je n'appellerais pas véritablement cela une consultation. Qui plus est, lorsque je me suis enquis des critères de sélection des machines, il m'a été répondu que c'étaient ceux de la planification écologique. Ce ne sont pas vraiment des critères à mes yeux et je ne suis donc pas capable de rendre un avis sur le classement des machines. Nous aurions dû lancer une consultation auprès de l'ensemble des constructeurs afin de comparer les technologies, mais encore eût-il fallu connaître les critères. Sans cela, il est difficile de juger. Nous avons rencontré des difficultés dans le cadre de l'appel à manifestation d'intérêt de France 2030, lancée en 2022 et déployée pour partie en 2023 avec 140 millions d'euros sur une enveloppe de 400 milliards d'euros. Elle était tellement complexe qu'un modèle de machine générique a finalement été utilisé – effileuse, pose de filets, irrigation, etc. Ce n'est pas ce qui améliorera la performance agro-écologique du paysage français… Faute de critères, nous ne verrons aucun effet précis. Inversement, nous aurions pu employer une partie de cette somme pour soutenir le rétrofit de pulvérisateurs ou l'achat de robots électriques pour le désherbage mécanique.
Par ailleurs, ces subventions sont versées sans aucune contrepartie, ce qui est fortement dérangeant. L'agriculteur n'a aucun compte à rendre. Il me semblerait pourtant logique d'attendre une contrepartie lorsque de l'argent est distribué. C'est sur la contrepartie que l'aide doit porter.